En marge de sa visite à Paris, le président tunisien Kaïs Saïed a rencontré son homologue ivoirien Alassane Ouattara. Une visite de courtoisie sans doute, mais très maladroite de la part du président de la Tunisie.

Afin d’assister au Sommet sur le financement des économies africaines, Kaïs Saïed est parti à Paris pendant le weekend. A la recherche d’une tribune, il a choisi l’hôtel où réside le président ivoirien Alassane Ouattara afin de faire l’une de ses apparitions surprises.

Pour rappel, le président ivoirien Ouattara est en train de servir un troisième mandat présidentiel inconstitutionnel. Il avait, avant cela, autorisé une intervention militaire française dans son pays en 2011. Le vainqueur de l’élection présidentielle contre Ouattara, Laurent Gbagbo, a été envoyé à La Haye pour y être incarcéré pendant une décennie. Pendant ce temps-là, Ouattara a perpétué son règne de sang, soutenu par la France.

Plus récemment, le président ivoirien s’est placé en chef de file de la mascarade macronienne en Afrique subsaharienne. La France, qui imprime encore la monnaie africaine, le Franc CFA, avait promis d’y mettre fin. Mais à cause du suivisme de Ouattara, entre autres, la manœuvre ne fera finalement qu’enchaîner davantage les pays africains au néocolonialisme français. La France contrôlera notamment le coût des devises de la nouvelle monnaie africaine, comme elle le fait en Tunisie.

Ce n’est pas comme si la situation était bien différente en Tunisie. En effet, la monnaie tunisienne –comprenez le dinar, est imprimée en Suisse ou en Allemagne selon les dénominations. La BCT ne fait que remplacer les billets usés. Ce serait là le seul point commun partagé par notre président, ô si panafricain, et son homologue ivoirien. Soit la soumission absolue et indiscutable au colonisateur d’hier.

« I have a dream » par Kaïs Saïed

Toutefois, le président Kaïs Saïed a profité de sa visite afin de proclamer son discours de fraternité africaine. Il faut retenir que la Tunisie est encore l’un des pays les plus racistes en Afrique, comme en attestent les nombreux reportages sur le sujet, ainsi que la loi promulguée en Tunisie en février. Pas que ce contexte contraste avec le discours de Saïed. En effet, le président a promis de « former les futurs médecins ivoiriens en Tunisie ». Sachant que les universités tunisiennes ont dégringolé de 1600 places dans le classement mondial. Cela vaut pour la meilleure université, durant la décennie passée, on se demanderait si la Côte d’Ivoire gagne vraiment à la donne.

Ensuite, comme si ce ton hautin ne suffisait pas, Kaïs Saïed a pimenté son discours avec un peu de panafricanisme de mauvais goût. Non sans rappeler « I have a dream » de Martin Luther King en 1963. Comment peut-on coller au cliché du blanc en Afrique plus que cela ?

Il n’empêche que Kaïs Saïed a un rêve. Son rêve serait de « réaliser les ambitions communes que la Tunisie et la Côte d’Ivoire entretiennent depuis l’indépendance ». Or, comme en attestent les déchets italiens que la Tunisie achète à 2 euros la tonne. Ou, comme en témoignent les pesticides, 2300 fois plus cancérigènes que le seuil toléré, que l’Europe vend à la Tunisie, alors qu’ils sont interdits en Europe. La Tunisie ne serait indépendante que dans l’imagination de son président.

Le président tunisien, ô si panafricain !

Puis, dans le cadre des évènements actuels en Palestine. Il serait judicieux de rappeler qu’Alassane Ouattara est un grand ami de l’entité sioniste. En juillet 2020, il avait unilatéralement signé un accord d’achat de navires de guerre à Israël, entre autres. Parmi les présidents africains présents à Paris, il aurait été mieux vu, rien que par dignité, de choisir un autre chef d’Etat en guise de compagnon de goûter. On se demanderait presque comment son pin’s du drapeau palestinien a tenu en place.

Néanmoins, Saïed « a un rêve », et son rêve consiste à garantir l’indépendance de la Tunisie. La Tunisie, hélas, est sur le point d’être vendue aux mêmes entités auxquelles Ouattara avait cédé l’Afrique de l’Ouest entière. Et si des questions subsistent encore quant à quelles concessions le citoyen tunisien doit encore faire, rien n’est exclu.

Kaïs Saïed a agrémenté son plat africain avec une autre visite au président de l’Union africaine (UA) et de la République démocratique du Congo (RDC), Félix Tshisekedi. Il faut informer que ce dernier, vient de déclarer l’état de siège sur son propre territoire, où il a mis aux commandes des criminels de guerre condamnés à la place des gouverneurs civils. Tshisekedi a aussi échoué à mettre un coup d’arrêt à la guerre qui se prépare entre l’Egypte, le Soudan et l’Ethiopie. On ne peut cependant avoir aucun doute quant aux points communs entre Tshisekedi et Saïed. En l’occurrence, les nombreux discours futiles anti-corruption et la dyslexie. Et afin de bien conclure sa tournée de visites surprises, notre président s’est entretenu avec le Premier ministre portugais. Le Portugal, lui, a déployé son armée dans deux pays africains, à savoir la RDC et le Mozambique, au cours de la semaine passée. Pas que cela importe grandement à Kaïs Saïed, ô tellement panafricain !