Par : Kamel Zaiem

L’escalade à Al Qods n’a pas surpris et était même prévisible. A chaque ramadan, c’est quasiment le même scénario qui se reproduit pour intimider et humilier les Palestiniens aux abords de l’esplanade de la Mosquée Al Aqsa avant d’élargir l’agression pour frapper partout sur la bande de Gaza.

La lâche agression sioniste a débuté vendredi soir et les fidèles qui se préparaient à fêter la « nuit du Destin » dans cette mosquée ont été attaqués par les soldats israéliens avec un bilan de plus de 200 blessés.

Pour Netanyahu, le premier ministre hébreu, qui est en train  de passer ses derniers jours à la tête du gouvernement sioniste, l’occasion était propice pour faire exploser toute sa haine, sa rancune et son exécration envers les Palestiniens. Et après les matraques, les grenades et le gaz lacrymogène à Al Qods, ce fut une pluie de frappes aériennes sur toute la bande de Gaza qui s’en suivait, faisant plus de quarante tués dont des enfants.

Si le président Mahmoud Abbas a appelé à une réunion urgente du Conseil de sécurité (elle a été fixée au mercredi) et demandé à la communauté internationale de «garantir une protection internationale» des Palestiniens, le Hamas, lui, a invité carrément les pays arabes à suspendre leurs relations avec Tel-Aviv.

Une formalité ?

Bien entendu, le Conseil de sécurité va condamner, comme c’est de coutume, la violence dans la région ? Ce sont toujours les mêmes termes utilisés pour tuer dans l’œuf toute tentative de condamner l’Etat sioniste, à l’image de la Maison-Blanche qui a juste fait part de ses « graves préoccupations » !

L’histoire est un éternel recommencement et les pays du monde civilisé, soucieux de ne pas toucher à leurs intérêts avec les Etats-Unis et Israël, oublient, à chaque fois qu’ils ont affaire à une telle situation, leurs principes et leurs engagements humains.

Du côté du monde arabe et musulman, le silence complice est déjà de mise avec des gouvernants qui se contentent de regarder les scènes horribles de mort sans oser lever le petit doigt.

Les pays qui se sont engagés dans le processus de normalisation avec Israël trouvent de la peine à manifester clairement leur condamnation, à l’image des Emirats et de la Jordanie alors que l’Egypte a tenté de jouer le rôle d’arbitre sans grande conviction. D’autres pays ont juste fait usage de leurs discours usé de condamnation qui n’a guère changé depuis belle lurette.

Qu’en est-il de la Tunisie ?

Officiellement, le gouvernement tunisien a condamné mardi une « agression contre les Territoires palestiniens » menée par Israël et appelé la communauté internationale à « assumer ses responsabilités ». Dans un communiqué rendu public, la Tunisie a renouvelé ses appels à la communauté internationale pour mettre fin à cette injustice continue, et qu’elle fasse cesser cette agression contre les Territoires palestiniens ».

La Tunisie, qui siège actuellement au Conseil de sécurité de l’ONU, avait présenté avec la Norvège et la Chine un projet de déclaration réclamant « à Israël d’arrêter les activités de colonisation, de démolitions et d’expulsions » de Palestiniens, « y compris à Jérusalem-Est ». Mais cette déclaration n’a pas été adoptée par le Conseil réuni en urgence lundi, en raison de l’opposition des Etats-Unis.

Une classe politique « occupée »

Dans le paysage politique, les condamnations ont été plus timides que par le passé, laissons constater que nos politiciens ont la tête ailleurs, occupés qu’ils sont par cette guerre de positionnement au Parlement comme à Carthage et à La Kasbah.

Et comme prévu, c’est la société civile qui a tenté de bouger et de faire entendre la voix d’un peuple tunisien toujours porté par sa solidarité inébranlable avec les Palestiniens et c’est l’UGTT qui a été le fer de lance d’une condamnation prononcée contre l’Etat hébreu et surtout contre les partisans d’une normalisation avec les sionistes, comme exprimé par Samir Cheffi, le secrétaire adjoint général de la Centrale syndicale.

Dans les rues et en dépit du confinement lié à la pandémie de coronavirus en vigueur jusqu’à dimanche, quelques centaines de militants de la société civile et de responsables de partis de gauche et nationalistes arabes ont manifesté jeudi devant la Kasbah, siège du gouvernement tunisien. Ils ont manifesté brièvement à l’appel de l’UGTT, de la Ligue tunisienne de défense des droits de l’homme et de divers partis d’opposition.