Par Soufiane Ben Farhat

Encore une fois, Israël a mis la baïonnette à l’ordre du jour. En effet, depuis plus d’une semaine, le massacre en masse et le passage des Palestiniens de Gaza au fil de l’épée se poursuit. Répression sauvage et violation du sacré se superposent. Des familles entières sont décimées. Toutefois, ça déborde même au sein de la société israélienne, composée pour près du quart d’Arabes musulmans et chrétiens. En même temps, la communauté internationale est complice. Les puissants lobbys sionistes tiennent les États et leurs économies par là où ça fait mal, les médias et la haute finance. Finalement, cela est on ne peut plus patent dans les pays occidentaux. Certains pays, telle la France laïque et républicaine, sont même sous la coupe des likoudniks, les plus fervents racistes de la large gamme de Sionistes.

Les leurres de la légalité internationale

Eh quoi, légalité internationale dites-vous ? Franchement, ce n’est qu’un leurre. D’ailleurs, comme le disait Charles de Gaulle, «La France n’a pas d’amis, elle a des intérêts». Précisément, les intérêts penchent en faveur d’Israël un peu partout dans le monde. Sclérosées par des pouvoirs illégitimes, gangrenées par la religion médiévale, les sociétés arabes et musulmanes se contentent de subir. Pire, les pouvoirs semblent plus enclins à la compromission et au silence complice qu’à autre chose. De l’Océan (atlantique) au Golfe (arabe et persique), c’est la même configuration, à de rares exceptions près.

Les résolutions onusiennes et du Conseil de sécurité consacrant les droits du peuple palestinien sont inopérantes. En fait, cela dure depuis des décennies. Idem des instruments pertinents de la légalité internationale. Ils semblent caducs aux yeux des puissants de ce monde dès qu’il s’agit des droits des Palestiniens. Résultat, c’est le seul peuple encore occupé au monde. Par surcroît, C’est la seule patrie encore spoliée, en toute impunité. En contrepartie, plus de treize millions de Palestiniens vivent éparpillés dans la diaspora et les camps de réfugiés, dans plus de trente pays.

Arabes et musulmans à la traîne

Les Palestiniens des territoires occupés sont plus désunis et fragmentés que jamais. Aucune personnalité d’envergure, aucune organisation unitaire, tels Yasser Arafat et l’OLP jadis, n’émergent du lot. De surcroît, ils sont réactifs par intermittence, en marge et absents des enjeux internationaux le plus clair du temps. Certes, les réflexes d’autodéfense ressurgissent, mais ce n’est qu’une espèce de crispation au gré des aléas meurtriers et tragiques. En revanche, la désunion reprend de plus belle.

Aujourd’hui, seuls les réseaux sociaux donnent timidement de la voix pour dénoncer un tant soit peu. En fait, de glorieux anonymes s’y activent. Timidement il est vrai. En vérité, à leurs corps défendant. Puisqu’ils font l’objet de censures alertes de tout ce qui condamne Israël et ses massacres en masse. L’œil de Moscou veille au grain. Facebook, YouTube, Twitter et tutti quanti sont inféodés aux réseaux de propagande pro-israéliens. L’adjectif terroriste y est interdit quand il s’agit de parler du terrorisme d’Etat d’Israël, de ses massacres ou de ses exécutions extrajudiciaires éhontées et inhumaines. Hélas, encore une fois, la raison du plus fort est toujours la meilleure. Les Arabes et les musulmans sont à la traîne. Tout bonnement ils trinquent.

Sociologie des protestations

En réalité, la rue arabe semble plus tiède qu’avant. En effet, l’indignation y est mais l’expression s’avère plus discrète. Les manifestations monstres qui secouaient la rue arabe jadis sont plus clairsemées. Dans les pays du Maghreb et en Afrique du Nord plus qu’ailleurs. La pandémie est passée par là. Également les longues fêtes de l’aïd. Toutefois, cette rue semble gangrenée par d’autres virus que le Covid 19. Les pouvoirs arabes, compromis, font le dos rond. Les chaînes télé officielles éludent le massacre. La couverture des vicissitudes tragiques se limite aux leads sommaires. Sans états d’âme. Les chancelleries occidentales ont mis la pression, directement ou par relais interposés.

En Tunisie aussi, le pouvoir, toutes instances confondues, est aux abois. Du coup, les cadavres palestiniens le gênent. On feint de soutenir les Palestiniens du bout des lèvres. Paradoxalement, on s’en tient au silence des palais. Du temps de l’ancien régime, la Tunisie avait voix au chapitre en la matière. Maintenant, motus et bouche cousue. Les lobbys et réseaux secrets imposent un maintien effacé et une parole douteuse et rare.

En fin de compte, chacun est dans son rôle. Quoique fassent les puissants du jour, le droit finira par s’imposer. La politique de la canonnière, si chère au gouvernement israélien, a toujours fait faillite au bout du compte. Parce que l’histoire a un sens. Et parce que la justice triomphe toujours en dernière instance.

S.B.F