Par : Kamel Zaiem

Après une longue attente, la situation a grandement besoin d’évoluer dans le bon sens.

Le nouveau gouvernement est bien là et il va devoir travailler dur pour compenser le temps perdu et entreprendre le redressement espéré…

La bataille contre le Covid-19 est quasiment gagnée même si la prudence reste de mise…

A la BCT, à l’UGTT, à l’UTICA et au sein des autres composantes de la société civile, on fait encore confiance à l’après-25 juillet 2021 et on n’attend que le passage à l’action pour que le pays puisse aller, enfin, de l’avant…

Il n’y a que l’argent qui n’est pas là et il va devoir trimer très fort pour améliorer les finances d’un pays de plus en plus appauvri et pillé par ceux qui l’ont gouverné pendant toute une décennie.

Moody’s: une dégradation à prendre très au sérieux

Le décollage espéré

C’est du côté de La Kasbah qu’il va falloir désormais se tourner pour voir si on a réellement bougé et entamé le décollage espéré. Car, qu’on le veuille ou pas, les citoyens en ont eu assez des actions politiques qui frisent parfois le populisme et des discours plats dont le contenu peine à changer et le moment est venu pour voir les véritables et vrais acteurs prendre la relève et plonger sans attendre dans les réformes qui s’imposent.

Pour Kaïs Saïed, l’homme qui a osé changer les choses et tirer le meilleur profit du soulèvement populaire du 25 juillet, le temps est à l’action, sans menaces, ni fusées ni sous-entendus.

C’est que la situation économique se dégrade chaque jour un peu plus et la patience a des limites. Il y a quelques jours, Moody’s a annoncé la dégradation de la note souveraine de la Tunisie à long terme, en devises et en monnaie locale, ainsi que celle de la Banque centrale de Tunisie de B3 à Caa1, et maintenu la perspective négative. Une note attribuée aux pays appartenant à la catégorie « Risque élevé » dans le non-remboursement de la dette.

Une cruelle réalité

Qu’on le veuille ou pas, pour un pays dont le sort économique dépend des autres, il faut prendre très au sérieux cette dégradation aux effets néfastes alors que les ponts sont momentanément coupés avec le FMI, le seul partenaire prêt à mettre la main à la pâte avec les conséquences douloureuses que tout un chacun connaît.

Et comme l’affirme Radhi Meddeb, l’expert en économie :« Nous avons beau clamer notre souveraineté et dénier aux agences de notation le droit de nous noter, les marchés financiers internationaux sont ainsi organisés. Ils se réfèrent à ces agences et ne font rien qui aille à l’encontre de leurs notations. La voie de notre salut se rétrécit. Il ne nous reste plus, à très court terme, que le recours à l’aide bilatérale. Seuls quelques pays pourraient et voudraient le faire. Cette aide bilatérale est strictement politique. Elle a un coût. Il faut le savoir et il faut l’accepter ».

Entretemps, la musique est toute autre au palais de Carthage où le président de la République continue à minimiser cette grave crise financière et les observateurs s’étonnent de le voir prendre les choses à la légère et garder une curieuse sérénité au moment où les citoyens, les compteurs et les courbes s’affolent.

Les partisans de Saïed attendent la réalisation de leurs attentes

Agir vite

D’autres experts avancent que Saïed garde confiance car ayant obtenu des promesses de pays amis qui n’ont fait que le soutenir pour son coup constitutionnel (Arabie Saoudite, Emirats…) pour lui venir en aide et lui permettre de mettre fin à la crise économique du pays. Or, si ça s’avère vrai, il ne s’agit que de promesses de pays où les alliances et les orientations peuvent changer du jour au lendemain alors que la Tunisie ne peut plus attendre et a besoin d’un plan d’action urgent et efficace pour tenter de sauver les meubles tant que c’est encore possible sans très grands sacrifices.

Pour le moment, tout un peuple demeure en attente avec plein d’incertitudes et de craintes légitimes. Saïed a, pour le moment, fait les choses à moitié et il doit assumer pleinement ses responsabilités pour être à la hauteur de la confiance de ses partisans qui souhaitent le voir aller plus rapidement et plus efficacement vers tout ce qu’il entreprend de faire sur tous les plans.

Le volet politique est important et crucial, mais l’urgence est du côté des finances avec des citoyens quasiment affamés au pouvoir d’achat nettement écorné. Le Président, longuement concentré sur son projet politique qui n’arrive pas encore à convaincre aussi bien ses partisans que ses adversaires, doit avoir, à présent, d’autres chats à fouetter.

Le temps presse et la récré doit avoir fin pour passer sérieusement aux véritables priorités et préoccupations pour rassurer et redonner de l’espoir à un peuple au bord du désespoir.

K.Z.