Le 25 juillet est décidemment une date historique pour la Tunisie ! Jour de fête de la République, de la commémoration du décès de feu Béji Caïd Essebsi, ou de celle de l’assassinat de Mohamed Brahmi, cette date est encore à marquer d’une pierre blanche. En effet, elle a été tout d’abord marquée par des manifestions populaires massives un peu partout dans plusieurs grandes villes du pays.

Un système politique à bout de souffle

En fait, que réclame notre peuple ? Tout simplement la fin du système politique actuel qui est à bout de souffle, caractérisé par son inaction et sa corruption au plus haut niveau du système étatique. La colère du peuple tunisien est particulièrement vive contre Ennahdha. Celle-ci a de nouveau démontré les piètres résultats politiques et économiques obtenus par les partis islamistes lorsqu’ils sont au pouvoir. Cela administre la preuve aussi que l’islam politique n’est guère la solution pour gouverner.

Suite à ces manifestations, le président Kaïs Saïed a répondu à la volonté du peuple et a pris plusieurs mesures importantes, dont le limogeage du premier ministre Hichem Mechichi et la suspension pendant trente jours de l’activité parlementaire. Rached Ghannouchi, président du parti Ennahdha, a vainement dénoncé un coup d’état perpétré par Kaïs Saïed, oubliant sans doute que la décision du président tunisien est légitime puisqu’il en réfère à l’article 80 de la Constitution en vigueur depuis 2014.

En vérité, notre pays vit depuis de trop nombreuses années une grave crise économique. Les espoirs suscités par la Révolution dite du Jasmin se font désespérément attendre depuis 2011. A tel point que le peuple tunisien s’est appauvri et vit moins bien qu’il y a une décennie. La crise du Covid-19 a été la goutte qui a fait déborder le vase, le peuple tunisien n’en pouvant plus et souffrant le martyre ! L’islam dit politique au pouvoir n’a fait qu’aggraver la situation, avec un Parlement où la corruption sévit et des richesses qui emplissent les poches des politiques mafieux.

Décréter l’état d’urgence économique

Pour sortir de cette situation chaotique, notre pays doit décréter l’état d’urgence économique, en prenant des réformes structurelles courageuses pour que le peuple tunisien voie enfin le bout du très long tunnel dans lequel il est plongé. Nous ne pouvons que saluer les premières décisions d’urgence prises par Kaïs Saïed, qui vont permettre d’écarter les hommes politiques les plus nuisibles à notre pays. Mais ce n’est qu’un premier pas, qui doit être suivi d’autres mesures structurelles permettant une transformation politique et économique en profondeur. C’est à ce prix que la Tunisie pourra sortir de la crise et permettra ainsi à sa jeunesse de reprendre ses rêves perdus.

Belkis Bouali- Juriste et rédactrice en chef du magazine économique l’Observatoire Économique