Depuis le « coup d’éclat » du président de république Kais Saied, le 25 Juillet dernier, les Tunisiens vivent au rythme qu’il leur impose. Ayant accaparé tous les pouvoirs, il a, également, accaparé toutes les attentions. Droit dans ses bottes, il n’a pas changé de manière ni de méthode : toujours des soliloques devant des invités choisis sur le volet. On le voit gronder, vitupérer et menacer de dévoiler, le jour venu, les vérités cachées aux Tunisiens. Mais rien sur la feuille de route qu’il tourne en dérision en la confondant avec la carte marine, indispensable à la navigation maritime et qui permet de se situer et de se diriger. Ni sur ce gouvernement qu’il tarde à annoncer…A quoi bon dit-il, les institutions de l’Etat dont il est le garant, continuent de fonctionner. Et l’on peut même naviguer à vue, sans carte marine, tant que c’est lui qui se trouve à la manœuvre et tient la barre.

Le seul détenteur de l’information

Détenteur de tous les pouvoirs, le chef de l’Etat est, également, le seul détenteur de l’information. Son cabinet qui compte une bonne quinzaine de membres ne comprend aucun responsable de la communication, depuis le départ de Rachida Ennaifer, suivie de Rim Kacem. L’on se contente des communiqués souvent laconiques publiés dans la page Facebook de la présidence, devenue la seule source d’information pour les médias. Seul Walid Hajjem, qui a été promu conseiller, se déploie pour expliquer, parfois, l’inexplicable. Est-il à son tour bien informé de secrets du palais ? On doute fort.

Et quand les canaux officiels sont défaillants, et que les journalistes peinent à trouver l’information, les gens cherchent à pallier ce manque, en adaptant une autre forme de communication : les rumeurs qui se propagent comme une trainée de poudre, à travers les réseaux sociaux, avec leurs flots de fausses informations . Les Tunisiens, qui sont parmi les peuples plus connectés, plus de 70% ont des comptes Facebook, et presque autant pour You Tube, sont devenus maitres dans la propagation de ce genre d’informations, ainsi que dans la cyber intimidation et le cyber harcèlement avec leurs corollaires : menaces, insultes, obscénités…sans encourir les moindres poursuites.

Rumeurs et humeurs

On disait que Rome redoutait Carthage, « ses odeurs et ses humeurs ». A un certain moment de notre histoire proche, on parlait des rumeurs ou plutôt des humeurs de Carthage, entendre le palais présidentiel, et les odeurs du Lac avant qu’il ne soit assaini. Aujourd’hui, l’on ose parler de nouveau des rumeurs de Carthage, ce haut lieu de la souveraineté où tout se prépare dans le secret pour ce peuple qui veut.  Mais sait-il vraiment ce qu’il veut ?

Plus grave encore, certains médias classiques, ont, à leur tour, versé dans le sensationnel en puisant leurs informations auprès de sources peu fiables, comme les réseaux sociaux qui colportent des rumeurs infondées de nature même à perturber l’ordre public. Ils vont, des fois trop loin, en touchant à la vie privée des gens et en étayant des analyses et des allégations peu fondées. Ces dérapages sont d’autant plus déplorables et dangereux qu’ils contribuent à créer un sentiment de peur et à semer la zizanie et la rancœur.

La crédibilité et l’objectivité de l’information exigent le strict respect des principes déontologiques qui régissent la profession. Le journaliste doit se prémunir contre le parti pris et la manipulation qui pourraient facilement conduire à la désinformation et nuire à la réputation des médias dont la crédibilité a été fortement entamée au cours des dernières années.

B.O