Par : Kamel Zaiem

Convaincante ou pas, la nouvelle équipe gouvernementale est bien là. Lorsqu’on se réfère au 25 juillet 2021, on peut dire que ce gouvernement a mis du temps pour voir le jour. Et si on rappelle que Mme Najla Bouden a été chargée de former un nouveau gouvernement le 29 septembre 2021, on ne peut que reconnaître qu’elle n’a pas perdu son temps, parvenant à remplir cette mission en seulement douze jours alors que par le passé, Hichem Mechichi mettait un mois pour une tâche similaire.

Revaloriser le prestige de l’Etat

Ce qui est encore plus important que les noms, ce sont les messages envoyés par Kaïs Saïed, le président de la République et Najla Bouden, la cheffe du gouvernement.

Comme attendu, le grand et principal défi sera la lutte contre la corruption. Les deux plus hauts responsables de l’Etat l’ont rappelé et, cette fois-ci, ils auront l’avantage de compter sur de nouvelles structures dans les différents rouages de l’Etat pour mener ce combat dans les meilleures conditions et pour parvenir à éradiquer le mal aux racines.

De même, ils ont axé sur l’importance de l’application de la loi et sur le respect total de l’Etat et de ses structures, ce qui n’était guère le cas pendant une décennie qui a vu les mafias et les lobbies prendre les rênes du pouvoir et imposer leur loi.

Autre axe important et vital à être cité par Saïed et Bouden, la confiance entre le citoyen et les instances de l’Etat se doit d’être réinstallée et renforcée. Tout dépendra des futures actions de ce gouvernement, mais il s’agit, là, d’un atout fort révélateur pour faire avancer le pays vers un futur prometteur et rassurant.

Najla Bouden: réinstaurer la confiance entre le citoyen et l’Etat

Quid du futur dialogue national

Le chef de l’Etat a également promis de communiquer les dates des plus importantes composantes du futur dialogue national. Le flou persiste quant à la nature et l’orientation de ce dialogue qu’il veut différent et autrement plus efficace et plus porteur pour le bien du pays.

C’est dire que l’annonce de la composition de ce nouveau gouvernement est à la fois rassure d’un côté et suscite des interrogations d’un autre côté.

Le pays vit une crise économique sans précédent avec des finances au rouge et une quasi faillite à tous les niveaux. Pour sortir de ce guêpier, certains observateurs s’attendaient à la nomination d’éminents experts en économie et finances. Plusieurs noms très connus ont circulé, mais Saïed voyait les choses autrement et il tient à relever les actuels et futurs défis en comptant sur de nouvelles compétences, déterminées, prêtes à défendre ses principes et surtout propres. Certes, il prend des risques au moment où le pays peine à relever la tête et que les donateurs exigent des vis-à-vis capables de communiquer, d’analyser et de discuter pour mettre en place de nouveaux engagements sans failles, mais il suffit de savoir entourer ces ministres néophytes de valeureux conseillers, compétents et droits, pour assurer ce délicat équilibre de savoir faire et d’intégrité.

D’ailleurs Bouden a insisté sur ce point en évoquant la nécessaire amélioration des performances économiques, des services publics et surtout du pouvoir d’achat du citoyen, Qu’on le veuille ou pas, le fait politique intéresse le citoyen, mais c’est dans sa poche qu’il regarde avant de prendre position.

Du brouillard, tout de même

La cérémonie d’hier n’a pas totalement dévoilé les véritables intentions du président de la République ni sur sa vision réelle du futur système politique et des fondements de cette très attendue troisième République. C’est probablement ce fameux dialogue national qui va éclairer notre lanterne à propos de ces importantes orientations, ce qui n’empêchera pas un certain brouillard de persister, du moins pour un certain temps.

Pour revenir à la composition de ce gouvernement, une nouvelle brise féminine retient l’attention. Elles seront bien dix femmes à figurer dans cette équipe, Najla Bouden comprise. Mieux encore, elles seront très présentes dans la gouvernance économique avec les portefeuilles de l’Industrie, du Commerce et des Finances, trois secteurs fortement secoués au cours de la dernière décennie car monopolisés par des clans corrompus et des partis politiques mobilisés pour servir les intérêts d’autres pays sans se soucier des conséquences catastrophiques sur les citoyens.

Charfeddine et Deguiche retrouveront, enfin, leurs postes

Autre point important, celui du retour de Ridha Charfeddine au ministère de l’Intérieur. L’homme qui a fortement dérangé Mechichi et ses complices d’Ennahdha, y retourne après avoir été limogé. Au même titre que Kamel Deguiche qui retourne au ministère de la Jeunesse et du Sport après avoir été écarté pour son soutien à Saïed et son opposition à Wadii Jari, le président de la FTF, connu pour ses liens avec le cheikh Ghannouchi.

Se remettre vite au boulot

Pour conclure, disons que Saïed a bien fait de garder la même structure ministérielle, du moins pour le moment, pour éviter de semer la pagaille. De même, il a confirmé son soutien à certains ministres qui ont fait du bon travail ces derniers temps à l’instar des ministres de la Santé et des Finances.

Place, à présent, au travail avec le souhait de voir ceux qui ont enfoncé le pays dans le chaos se faire oublier et laisser les vrais Tunisiens sauver une Tunisie au bord du gouffre.

K.Z.