Le seuil des violences verbales et même physiques, au sein de l’Assemblée des représentants du peuple, ARP, est dépassé, atteignant son paroxysme dans le sang, une première dans les annales du Parlement. L’intensité des échanges entre députés de divers blocs est un secret de polichinelle, puisque tous les débats sont télévisés et les Tunisiens où qu’ils soient sont pris, malgré eux dans cette spirale dont l’impact est immédiat, puisque projeté dans la rue. Et les manifestations de ces derniers jours le prouvent.

Le Bureau exécutif national de l’Union générale tunisienne du travail , UGTT, a déjà réagi, par le passé, dénonçant ces dérapages dangereux, appelant le président de l’Assemblée et tous les députés à prendre des mesures légales aux fins de mettre fin à cette vague de violence et lutter contre le discours de haine que « le bloc terroriste, faussement appelé la coalition Al Karama », s’est évertué à utiliser avec un art consommé contre tous ceux qui ne s’alignent pas sur ses positions, parmi eux des députés, des journalistes et des syndicalistes de l’UGTT.

Devant cette escalade dont l’issue est incertaine et nuit au bon déroulement de l’action parlementaire et après avoir visionné et pris connaissance du contenu de la vidéo, diffusée sur les réseaux sociaux, relative à l’agression barbare et odieuse du chef du « bloc terroriste » contre la présidente du Parti destourien libre, PDL, Abir Moussi, au sein même du Parlement, le Bureau exécutif de l’UGTT a publié, mercredi 27 janvier 2021, un communiqué dans lequel :

 1. Il condamne l’agression contre la présidente du PDL, qui n’est pas la première du genre, de nombreux députés ayant connu le même sort auparavant, devant le silence et la complicité de la présidence de l’Assemblée et de certains blocs de l’alliance au pouvoir, qui ont délibérément, mis sur le même pied d’égalité, victime et bourreau.

2. Il met à nouveau en garde contre la dangerosité du rôle que le bloc « terroriste susmentionné » s’est arrogé, à travers le harcèlement des députés et la stigmatisation des médias et de la société civile et contre tous ceux qui ne partagent pas ses points de vue. Dernière manifestation de ces comportements, les attaques répétées et la stigmatisation à l’encontre des syndicalistes, lors de la séance plénière consacrée au vote de confiance des ministres proposés dans le cadre du dernier remaniement.

3. Tient pour responsables la présidence de l’Assemblée et le parti Ennahda de la détérioration de la situation au sein de l’Hémicycle et dans tout le pays, et demande à tous les députés libres d’agir de manière efficiente, afin de mettre fin à la dégringolade vers le carré de la violence.

4. Rappelle au président du Parlement, la correspondance adressée par l’UGTT relative à la persistance des agissements du « bloc terroriste, faussement appelé  la coalition Al Karama», et estime que l’inaction devant le discours  violent est insuffisante et constitue un manquement à assumer ses responsabilités constitutionnelles. Il l’appelle à dénoncer ce discours et de prendre les mesures constitutionnelles qui s’imposent à son encontre, afin d’épargner au pays des tragédies, dont les auteurs se cachent derrière l’argument de la démocratie, d’autant plus que nous sommes à la veille de la commémoration de l’anniversaire de l’assassinat du martyr Chokri Belaid, lui-même victime du discours de la haine.