Aussi paradoxal que cela puisse paraitre, le nombre actuel de vaccins disponibles à, la date du 7 Septembre, soit 6.257.749, dépasse le nombre des inscrits dans la plateforme Evax : 5.973.687. C’est pourquoi, pour vacciner le plus de gens, le ministère de la Santé a décidé d’ouvrir la vaccination à toutes les personnes, de plus de 12 ans, qu’elles soient inscrites ou non dans la plateforme Evax.

Selon les statistiques publiées par le ministère sur sa page Facebook,  sur 95.214 personnes convoquées, hier mardi, pour recevoir, la première ou la deuxième dose du vaccin contre le coronavirus, seulement 31.278 ont répondu présents. Soit moins de 30%.

Alors que 20.129 seulement sur 76.642 convoquées pour recevoir la première dose, ont répondu présent.

Au total et depuis le démarrage de la campagne nationale en mars dernier et jusqu’au 07 septembre 2021, 6.257.492 personnes ont reçu, soit une seule dose (4.404.156), soit deux doses (1 853 336). 320.092 autres ont pris une seule dose du vaccin Johnson & Johnson et 368.034 ayant déjà contracté la Covid-19 ont reçu une seule dose.

Doute et rumeurs

Pourtant, la campagne de vaccination contre le Covid-19 bat son plein et s’est fortement accélérée au cours des dernières semaines, suite à la réception de plusieurs millions de doses de vaccins, plus de 11 millions, selon le président du comité de vaccination Hechemi Louzir, de la part de pays frères et amis, et grâce à la mobilisation de tous les moyens humains et toute la logistique nécessaire, du ministère de la santé et de l’armée nationale.

Mais le rythme de la vaccination ne cesse de ralentir, alors qu’on a déjà dépassé le taux de 50% de la population totale, ayant reçu au moins une seule dose. D’ailleurs, selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS), la Tunisie figure dans la liste des pays africains qui ont pu atteindre l’objectif mondial de vaccination contre le Covid-19. Elle fait partie d’un groupe de 10 pays dont les Seychelles, le Cap Vert, l’Afrique du Sud et le Maroc, qui ont pu atteindre l’objectif fixé au niveau mondial consistant à vacciner 10% des groupes les plus vulnérables contre le Covid-19 d’ici fin septembre, d’après les données recueillies par l’OMS et publiées dans le site des Nations Unies( ONU Info).

Cette réticence s’explique par la méfiance à l’égard d’un certain nombre de vaccins, jugés peu sûrs et peu efficaces. Un doute exacerbé par les rumeurs colportées sur les réseaux sociaux. Il serait, également, inhérent à des références de la culture populaire, voire religieuse.  Il faudrait ajouter les nombreuses défaillances de la plateforme Evax et l’absence d’Internet dans les zones les plus reculées du pays, en plus de la faiblesse du débit qui donne du fils à retordre aux agents de la vaccination.

Mais, à vrai dire, cette réticence ou plutôt cette défiance à l’égard du vaccin, n’est pas une exception tunisienne. En Europe occidentale, par exemple, la confiance dans les vaccins n’atteint même pas 60%. Elle plus forte encore en Afrique et en Asie, avec respectivement 92% et 95%.

Que faire alors ?

Le casse-tête des autorités n’est plus comment et où trouver les vaccins, mais plutôt comment arriver à vacciner le plus grand nombre de personnes. Est-il possible de rendre la vaccination obligatoire ? A cette question Dr Jalila Ben Khélil, la porte-parole du comité national de vaccination, répond « qu’il faudrait bien étudier cela, à tous les niveaux ». Toutefois, elle estime qu’il « serait judicieux de cibler certaines catégories socio-professionnelles qui sont en contact régulier avec les gens comme le personnel de la santé et le corps enseignant. Par contre, le pass sanitaire pourrait, selon elle, « la solution pour pousser à se faire vacciner. Il sera pour les personnes à risque, âgées de 40 ans et plus ».

« Il a été convenu, en effet, au sein du comité scientifique, de prendre cette décision qui obligera les citoyens à présenter le certificat de vaccination pour accéder aux espaces publics », a-t-elle souligné, ajoutant « qu’il sera appliqué progressivement dans les institutions et établissements publics, les cliniques et les banques ».

Elle a expliqué que « l’obligation de la présentation du certificat de vaccination vise à contrôler la transmission du virus et que que cette procédure sera appliquée progressivement selon les tranches d’âge, en commençant par les personnes âgées de 40 ans et plus puis les plus jeunes ».

Entre temps, des équipes mobiles de la santé publique et de la santé militaire sillonnent le pays pour aller dans le fin fond du pays pour vacciner les gens sur place.