Par : Kamel Zaiem
Le report du 18è Sommet de la Francophonie, prévu au mois de novembre 2021 à Djerba porte-t-il atteinte à la Tunisie et à ses nouveaux gouvernants ?
Les causes du report sont-elles liées à des raisons politiques, ou s’agit-il d’un problème de délais et de logistique ?
Kaïs Saïed et le nouveau gouvernement de Najla Bouden risquent-ils d’être très touchés par ce report intervenu alors que tout semblait aller dans le bon sens pour l’accueil de ce Sommet dans les délais prévus ?
Une belle opportunité
Au risque d’étonner, cette décision de report peut être assimilée à une belle opportunité pour la Tunisie qu’il va falloir, à présent, bien saisir.
Sur le plan organisationnel, Louise Mushikiwabo, la Secrétaire générale de l’Organisation internationale de la francophonie (OIF) n’a pas évoqué toutes les préoccupations de son organisme quant aux chances de réussite de cet important rendez-vous. Car, il ne s’agit pas uniquement d’un retard dans les préparatifs ou d’un contexte politique difficile en Tunisie, puisque, malgré les efforts déployés par l’OIF, seulement une vingtaine de pays ont annoncé la présence de leurs plus hauts dirigeants politiques (présidents, chefs de gouvernement) à Djerba, ce qui risque de mettre en péril la réussite d’un Sommet qui coïncide avec la célébration du cinquantième anniversaire de l’Organisation.
Pour revenir à la politique, les soucis ne concernent pas uniquement la Tunisie puisque le Sommet intervient dans une année charnière d’une année électorale en France (2022) et Emmanuel Macron, le président français, doit savoir le saisir et en faire un atout supplémentaire pour sa prochaine campagne électorale. C’est dire qu’il a mis tout son poids pour que le Sommet ne connaisse pas un échec qui pourrait lui coûter cher.
Rien à voir avec la démocratie
Quant à tout ce qui se passe en Tunisie depuis le 25 juillet, les retombées ne devaient pas, à priori, toucher à l’organisation de ce Sommet puisque Kaïs Saïed y veille personnellement et c’est lui qui a proposé la tenue de cet événement international de haut niveau dans l’île de Djerba.
Il est vrai que ce qui s’est passé le 25 juillet avec la prise en main, de la part de Kaïs Saïed de toutes les rênes du pouvoir pourraient inquiéter les amis de la Tunisie et mettre en péril la démocratie naissante, avec ses bienfaits évidents et ses désastreux maux. Or, la communauté internationale a déjà livré un feu vert au président de la République, à condition de ne pas trop tarder à réinstaurer tous les fondements de cette démocratie. C’est dire que l’OIF n’a jamais condamné ce qui s’est passé en Tunisie il ya plus de deux mois et n’a jamais lié l’organisation du Sommet à la restauration de la vie politique d’avant juillet 2021.
De même, la décision de reporter le Sommet a été prise sous forme de consensus entre tous les pays adhérents, y compris la Tunisie, ce qui veut dire qu’il ne s’agit nullement d’une sanction ou d’une prise de position hostile à Saïed et à ses fameuses mesures exceptionnelles.
Reculer pour mieux sauter
Et comme l’a relevé certains observateurs proches de l’OIF, la décision du report, prise dans l’ordre du constat objectif, technique et politique, va permettre à la Tunisie de reculer pour mieux sauter, au grand dam de ceux qui lui veulent du mal et qui ont vendu leur identité, leur dignité et leurs principes pour se muer en véritables serviteurs de leurs maîtres et patrons d’autres pays qui tiennent à garder le statu quo en Tunisie avec Ennahdha au sommet du pouvoir.
Moncef Marzouki, Oussama Khlifi et leur horde de traitres n’ont pas à trop plonger dans l’euphorie ou à crier très tôt à la victoire car, finalement, ils viennent de rendre un grand service à Kaïs Saïed qui va pouvoir disposer de plus de temps pour mieux préparer l’événement et éviter de le faire dans le hâte au risque d prendre beaucoup de risques au moment où certaines âmes malades sont encore capables de semer la zizanie et de gâcher la fête.
Marzouki a déclaré être fier d’avoir contribué à ce report. Nous devons lui être reconnaissants puisqu’il vient de nous offrir sur un plateau l’opportunité de réussir cette épreuve sans tomber dans la précipitation et la prise de risques. Celui qui est royalement payé par Al Jazeera comme conseiller politique, a également droit à une belle récompense de la part de la Tunisie qui ne peut que l’en remercier.