Par : Kamel Zaiem

Après le 25 juillet, le 18 septembre risque de faire parler de lui, également. C’est que les préparatifs d’un rassemblement de contre-attaque ont commencé depuis quelques jours sous le haut « patronage » des partis opposés à Kaïs Saïed et à son initiative d’il y a près d’un mois et demi et l’exécution a eu lieu dès les premières heures de ce matin à l’avenue Bourguiba avec, toutefois, beaucoup moins de participants que prévu.

Et comme on s’y attendait, une contre-manifestation a pris place sur la même avenue pour défendre Saïed et les acquis du 25 juillet et les forces de l’ordre ont eu du pain sur la planche pour préserver le calme et éviter un affrontement direct entre les manifestants.

Une agaçante lenteur

Au fait, il fallait s’y attendre car, qu’on le veuille ou pas, le président de la République a fait preuve d’une lenteur très agaçante dans l’application de ses promesses annoncées le soir du 25 juillet et il semble avoir laissé les coudées franches à ses opposants pour le contrer et profiter de cette torpeur qui n’a que trop duré.

Aujourd’hui, il sera possible à ceux qui ont détruit le pays pendant plus d’une décennie de tenter de se refaire une virginité et de relever la tête pour tout remettre en question.

Certes, les deux mouvements sont loin de se ressembler. Celui du 25 juillet a commencé par des protestations populaires spontanées contre le pouvoir en place et le Parlement qui couvre les corrompus et les voleurs et s’est achevé par une autre manifestation, plus que spontanée, pour sortir en pleine nuit soutenir le coup de force de Kaïs Saïed qui venait de prendre le taureau par les cornes en activant l’article 80 de la Constitution.

C’est à Carthage que ça cale

Or, celui qui est programmé pour aujourd’hui n’aura rien à voir avec la spontanéité car réparé minutieusement par ces partis politiques qui espèrent encore renverser la vapeur. Ils ont vainement cherché de l’aide à l’extérieur, et comme ils ont dû se retrouver sans véritable soutien, ils se tournent à présent vers leurs partisans pour entamer une dernière tentative et sauver leur peau avant l’arrivée de l’heure de vérité où chaque partie concernée aura à rendre des comptes.

Et là, on peut avancer sans nous tromper que la faute incombe en premier lieu au président de la République qui s’est montré très passif et très hésitant au moment de frapper fort et de mettre tout le monde d’accord. Saïed a promis de sanctionner les fautifs, essentiellement les corrompus, et il tarde à mettre en exécution cette promesse.

Saïed a promis de nommer dans les plus brefs délais un chef de gouvernement et, deux mois après, le plais de la Kasbah demeure officiellement désert alors que la liste des candidats change de jour en jour.

Le président de la République a promis d’activer les dossiers du rapport de la Cour des comptes à propos des élections de 2019 et celui des affaires compromettantes liées à Ennahdha au ministère de l’Intérieur. Or, jusqu’à présent, on n’a rien vu arriver.

Les députés liés à des affaires de corruption, de banditisme et de dépassement des lois en vigueur demeurent intouchables et sont en train de mener la belle vie avec un chômage technique qui dure depuis deux mois et un salaire qui continue à être gracieusement versé dans les délais.

L’espoir de tout… détruire

Tous ces pas timides et hésitants du locataire du palais de Carthage ont donné de l’espoir à ses ennemis qui ne désespèrent pas encore de redistribuer les cartes même si, logiquement, les carottes sont déjà cuites et le changement est déjà cautionné à l’intérieur comme à l’étranger sous certaines conditions, évidemment.

Du coup, les interrogations se suivent à propos de l’utilité du rassemblement prévu aujourd’hui pour contester tout ce qui a été entrepris par Kaïs Saïed.

Les citoyens, réconciliés avec l’espoir après une décennie noire où ils ont vu de toutes les couleurs avec pour bilan une faillite à tous les niveaux et un débordement de corruption qui a touché les secteurs essentiels et vitaux de leur vie quotidienne, doivent être sur leurs gardes pour ne pas perdre les acquis de ce fameux 25 juillet, bien que la mise en exécution traine les pattes.

Ceux qui veulent du mal à ce pays sont toujours là à l’affût de toute occasion de rebondir et de semer le trouble et la manifestation prévue aujourd’hui fait partie de ce sursaut désespéré destiné à faire régner le chaos et à faire sauter en éclats la symbiose qui a vu le jour, ou la nuit, un certain 25 juillet entre le peuple et l’un de ses serviteurs propres et intègres.

Et c’est encore une fois au peuple de décider de son sort. Il aura à choisir entre le nécessaire soutien à un Saïed trop passif et hésitant pour éradiquer le mal aux racines et sauver le pays ou de céder à la volonté de ceux qui ont déjà tout détruit et qui veulent encore survivre pour achever leur sale besogne.

K.Z.