Le discours du président de la République Kais Saied à Sid Bouzid, continue de susciter diverses réactions au sein de la classe politique. Les avis sont partagés entre soutien et inquiétude.  Alors que certaines formations politiques ont salué une rectification du processus révolutionnaire, d’autres ont exprimé leur inquiétude sur les dispositions transitoires et le sort de la constitution de 2014.

Le mouvement Ennahdha a, dans communiqué rendu public,  qualifié de « dangereuse » l’intention du président de la République de mettre en place, de manière unilatérale, de nouvelles dispositions transitoires, mettant en garde contre l’abolition de la Constitution qui « représente la source de toute légitimité ».

Pour le mouvement, « le maintien des mesures exceptionnelles pour une durée indéterminée risque de paralyser les institutions de l’Etat en l’absence d’un gouvernement légitime, et la poursuite du gel des activités du parlement élu.

« La poursuite des mesures exceptionnelles menace les appareils de l’État, et par la même, exacerbe la crise économique, financière et sociale étouffante », a averti Ennahdha dans un communiqué rendu public ce mardi.

Pour le mouvement, la sortie de cette situation dangereuse requiert la conjugaison des efforts de toutes les forces politiques et sociales.

Par ailleurs, Ennahdha a dit rejeter tout scénario de division des Tunisiens et d’humiliation des opposants « , exprimant sa fierté pour la révolution de la liberté et de la dignité, la révolution du 17 décembre et du 14 janvier, qui a commencé à Sidi Bouzid et contribué à la chute de la dictature.

Ennahdha a insisté sur « la nécessité de respecter les droits humains individuels et collectifs, et de mettre un terme aux atteintes au droit de voyager et au droit d’expression ».

Ce n’est pas l’avis du Courant populaire dont le secrétaire général Zouhaier Hamdi estime que le discours prononcé lundi par le président de la République Kais Saied à Sidi Bouzid a ” dessiné les contours de l’étape “, en attendant l’annonce de mesures palpables.

Il a ajouté que son parti avait appelé à ce que les mesures soient transformées en décisions dont l’application doit être fixée par des délais, à l’instar de la dissolution définitive du parlement et l’annonce, dans les plus proches délais du contenu et de la durée des dispositions transitoires.

Il a insisté dans une déclaration à la TAP, sur la formation d’un gouvernement de transition restreint et de lui confier la charge de sauver l’économie et de lutter contre la corruption.

Le secrétaire général du Courant populaire propose, aussi, un débat sociétal sur le nouveau système électoral et la révision de la constitution et des législations en lien avec les élections comme la loi des partis politiques et la loi des associations ainsi que les textes régissant les médias et les instituts de sondage.

Selon lui, l’activation des mécanismes de redevabilité contre tous ceux qui ont porté atteinte aux droits des Tunisiens est indispensable à toute réforme économique ou politique.

De son côté le dirigeant du mouvement Echaab, Abderrazak Aouidet, s’est félicité du fait que le président Saied lie, dans son discours, la révolution du 17 décembre 2010 aux mesures exceptionnelles du 25 juillet 2021. Il s’agit, selon lui, de deux dates clés dans le processus de la révolution.

Le dirigeant de Tahya Tounès, Mustapha Ben Ahmed, trouve, pour sa part, que l’allocution du président Kais Saied est ” une dure riposte ” au rassemblement de protestation organisé samedi dernier dans la capitale contre les mesures du 25 juillet.

Dans son allocution, Saied n’a pas parlé des mécanismes qui seront adoptés pour traduire ses décisions dans les faits, a-t-il fait observer.

Sortir de la constitution c’est sortir de la légitimité a-t-il mis en garde jugeant inconcevable le fait de choisir de suivre certaines dispositions de la constitution et d’en rejeter d’autres.

Pour le secrétaire général d’Al Joumhouri, Issam Chebbi, le discours du président de la République suscite de l’inquiétude sur l’avenir du pays.

Al Joumhouri regrette le fait de qualifier les opposants du président de traitres et ceux qui le soutiennent de patriotes, a-t-il soutenu dans une déclaration à la TAP. Il a ajouté que son parti s’oppose aussi à la révision de la loi électorale et de la constitution sans passer par un débat national, mettant en garde contre la monopolisation du pouvoir et les risques de dérives despotiques.

Il est à rappeler que le président de la République Kaïs Saïed a annoncé, lundi soir, lors d’une visite au gouvernorat de Sidi Bouzid, la poursuite des mesures exceptionnelles décrétées le 25 juillet dernier, la mise en place de nouvelles dispositions transitoires pour gérer le pays, la désignation imminente d’un chef du gouvernement et l’élaboration d’une nouvelle loi électorale.

Avec TAP