Par : Kamel Zaiem
Mardi, à Bab Saâdoun, il y avait du bruit devant une salle de fêtes d’habitude très calme pendant la journée. Devant, il y a une foule qui ne laisse pas indifférent avec des figures qui ont un intéressant point commun, celui d’être tous refoulés et mis hors circuit après le 25 juillet 2021 et le coup constitutionnel de Kaïs Saïed.
Des rejetés et des symboles de l’échec
Il s’agit, donc, de nouveaux et d’anciens perdants qui se tentent aujourd’hui de se refaire une virginité et lancer une ultime tentative de survie malgré le coup de pied reçu il y a plus de trois mois à travers une nette volonté populaire de s’en débarrasser pour toujours.
Il y avait, en premier lieu, les nahdhaouis, notamment Samir Dilou et Abdellatif Mekki qui sont considérés comme les plus grands perdants de ce mouvement citoyen qui a fini par expulser ses bourreaux de la dernière décennie.
De même, d’autres figures qui ne sont jamais parvenus à acquérir la confiance du peuple et qui demeurent toujours des symboles de l’échec, à l’image de Jawher Ben Mbarek et son pote Habib Bouajila, les deux chargés de mission qui ont essayé en vain de sauver la barque d’Ennahdha depuis 2019, Ridha Belhaj, un éternel battu au sein des partis qui l’ont adopté, Samira Chaouachi, la vice-présidente du Parlement, une complice de première ligne des crimes « parlementaires » de ces dernières années qui a su gérer la domination des partis au pouvoir au Bardo et la mise à l’écart des autres formations politiques opposées.
Ce sont ces figures qui sont venus annoncer, hier, le futur programme d’une initiative dite démocrate « Citoyens contre le coup d’Etat ».
Eh oui, ceux qui ont été refoulés par les citoyens rebondissent aujourd’hui dans la peau de…citoyens !
Ceux qui ont longuement défendu Ennahdha et ses satellites viennent aujourd’hui parler de démocratie et de lutte contre la corruption alors qu’ils faisaient partie de ces réseaux et mafias qui ont détruit le pays durant toute une décennie.
Ceux qui ont passé des années à soutenir les islamistes se sont rappelés, aujourd’hui, de la nécessité de mettre en place une Cour constitutionnelle alors qu’ils gardaient le silence à propos de cette Cour lorsque Ennahdha l’a totalement ignorée pour pouvoir régner en maître durant de longues années. N’est-ce pas Jawher Ben Mbarek ?
Des professionnels de l’hypocrisie
Ce mouvement dit d’opposition qui vise à contrer l’initiative de sortie de la crise du président de la République Kaïs Saïed, vient aujourd’hui nous parler de la nécessité d’organiser des élections législatives anticipées, et d’instaurer un dialogue national inclusif et des réformes à tous les niveaux. Où étaient-ils lorsque le pays sombrait dans le rouge et coulait ? Où étaient-ils lorsque la corruption a miné tous les secteurs et tous les rouages de l’Etat ?
Ce sont ces mêmes témoins silencieux ou complices qui veulent aujourd’hui nous faire croire qu’ils peuvent sauver le pays alors que ce sont eux qui l’ont entièrement mis en ruines.
N’est-il pas temps, pour eux et pour tous ceux qui ont collaboré pour faire de la Tunisie ce qu’elle est devenue aujourd’hui à tous les niveaux qu’ils n’ont plus de place sur la scène politique comme sur tous les autres circuits ?
La balle est dans le camp de Saïed
Certes, le mouvement du 25 juillet 2021 n’a pas été suivi des réformes espérées par le peuple qui veut couper définitivement avec les criminels de la dernière décennie et demeure encore prisonnier des hésitations, des balbutiements et des contradictions d’un Kaïs Saïed qui met du temps pour aller vers l’essentiel et mettre en exécution ses promesses sans s’éterniser avec les vaines menaces et accusations.
Certes, le pays n’est pas encore sur le bon chemin et l’initiative de Saïed, quoique souhaitée, applaudie et appréciée de la part de la majorité des Tunisiens, se doit d’être plus efficace, plus fiable, plus sécurisante et plus pratique pour trouver au plus vite les remèdes nécessaires à tous les niveaux, de la santé à l’économie en passant par l’éducation et la paix sociale, et pour faire avancer le pays qui n’arrive pas encore à décoller.
Ce n’est pas ce mouvement de pseudo-citoyens qui va faire bouger les choses dans le bon sens. La balle est dans le camp de Saïed et de son équipe pour prendre les choses en main de manière plus sérieuse et plus responsable.
Saïed a fait le plus dur en mettant hors jeu les nahdhaouis, mais l’essentiel est à venir pour mériter la confiance de tout un peuple qui cherche à retrouver sa belle Tunisie sans avoir à plonger dans les thèses et les doctrines populistes qui se font entendre dans l’entourage du Président.
