Plus d’une centaine de dirigeants du mouvement Ennahdha ont annoncé leur démission du parti.

Dans une déclaration publiée samedi, signée par des députés à l’Assemblée des représentants du peuple (ARP) dont les activités ont été suspendues ainsi que des membres de l’Assemblée nationale constituante, des membres du conseil de la choura et des responsables des structures centrales, régionales et locales du parti, les démissionnaires ont justifié leur démission par « l’échec à instaurer des réformes au sein du parti ».

Les démissionnaires ont tenu la direction du parti et à sa tête le président fondateur Rached Gahnnouchi pour « responsable de la détérioration de la situation générale du pays, ce qui a, selon eux, ouvert la voie à un coup d’État contre la Constitution et les Instances qui en sont issues ».

Parmi les signataires, on trouve des dirigeants du premier rang dont Abdellatif Mekki, Samir Dilou , Mohamed Ben Salem et des députés comme Jamila Ksiksi, réputée proche de Ghannouchi, Toumi Hamrouni, Rabeb Letaïef et Nassiba Ben Ali.

D’anciens membres de l’Assemblée nationale constituante comme Amel Azouz et des membres du conseil national de la Choura et des membres des conseils régionaux et locaux font, également, partie des démissionnaires.

Depuis déjà quelque temps, Ennahdha traîne une image négative dans l’opinion publique, en raison de son incapacité à gérer les affaires du pays et son hégémonie sur la scène politique. Tant il est vrai que son président Rached Ghannouchi a réussi au cours des dernières années à tirer les marrons de feu par des moyens peu orthodoxes, faisant la pluie et le beau temps. Sa longévité à la tête du mouvement a fait de lui un vrai patriarche, à qui personne ne doit dire non, Même s’il a tort et que ses décisions pourraient mener à la déconfuture. « Et quand le patriarche est affamé, il vole comme un autre », disait le proverbe.

Ennahdha comportait, déjà, en son sein les symptômes de la division et le feu couvait dans ses rangs, depuis son dernier congrès de 2016, avant qu’il n’éclate au grand jour à la veille des élections d’octobre 2019 quand Ghannouchi avait traficoté les listes électorales.

Aujourd’hui, Ennahdha se trouve dans un grand tournant et ne survivra pas au coup de force du président. Le coup de grâce sera donné à Ghannouchi.