Par : Kamel Zaiem
De jour en jour, la pandémie est en train d’avancer et de faire de plus en plus de dégâts. Face à Tsunami, le gouvernement tunisien donne l’impression d’assister à l’hécatombe sans trouver le remède nécessaire pour arrêter l’hémorragie.
Le pays qui était cité en exemple lors de la première vague du Covid-19 peine aujourd’hui, alors qu’il est submergé par la troisième vague, à limiter la casse et à mettre fin au cauchemar. Pourquoi on est-en arrivé là ? Comment expliquer cette soumission au virus et comment admettre que la Tunisie plonge dans le désastre au moment où ses voisins, de gauche comme de droite, arrivent tout de même à s’en sortir ?
La situation est, aujourd’hui, dramatique à tous les niveaux. Le système mis en place par le ministère de la Santé est en train de prouver son incapacité à sauver le pays, le virus est en train de gagner quasiment toutes les régions du pays avec ses différents variants, y compris le redoutable variant indien, dit variant Delta. Et comme si cette impuissance gouvernementale ne suffisait pas, les citoyens, de par leur comportement irresponsable et, dans une certaine mesure, criminel, se plaisent à compliquer davantage la situation et à aider à la large propagation du virus.
Pas question de confinement général !
Verra-t-on les hauts responsables au gouvernement, au ministère de la Santé et au sein de la Commission scientifique de lutte contre le Covid-19 opter pour la solution la plus radicale, celle d’imposer un confinement général de quelques semaines partout dans le pays, comme ce fut le cas au mois de mars 2020 ?
Alors que cette option paraît la plus appropriée pour un pays gravement touché par le virus et surtout pour une population inconsciente du danger qui la guette et peu encline à l’application des mesures de sécurité et au respect du protocole sanitaire, on croit savoir que le gouvernement s’oppose farouchement à cette solution. Pour diverses raisons…
L’expérience a déjà montré qu’on ne peut pas condamner les citoyens à rester chez eux sans leur fournir des alternatives pour pouvoir survivre et des compensations financières, même dérisoires, qui les aideront, plus ou moins, à supporter des semaines de confinement et de chômage imposé.
D’ailleurs, Hechmi Louzir, le directeur de l’Institut Pasteur et membre du Comité scientifique de lutte contre le Coronavirus, vient d’affirmer, ce jeudi, que le confinement général n’a pas été abordé par la commission suite à la découverte du variant indien du Covid-19 en Tunisie, soulignant que les mesures évoquées de manière officieuse concernent principalement les moyens de rendre plus efficace et de mieux contrôler le protocole déjà en place : « Nous avons confirmé la nécessité de poursuivre les mesures déjà mises en place, notamment le confinement décrété dans les régions les plus touchées et la possibilité d’avancer les horaires du couvre-feu. Il paraissait clair vu la rapidité avec laquelle on a récemment observé la propagation du virus et sa virulence qu’on était en face d’un nouveau variant » a-t-il poursuivi, insistant sur l’importance d’accélérer davantage la campagne de vaccination, s’agissant de l’unique moyen de se protéger des cas graves de la maladie et de limiter le nombre de décès.
La fuite en avant
Dès lors, la Tunisie est-elle capable de lutter contre la pandémie sans passer par un nouvel épisode du confinement général ?
Pour un Etat dépassé par les événements et ruiné économiquement, le confinement général, de par ses exigences, demeurera une solution extrême pour le moment inabordable.
Du coup, on comptera, encore une fois, sur la discipline populaire qui demeure le talon d’Achille de cette guerre contre la pandémie. Les citoyens, déjà très peu initiés à s’adapter aux exigences de la situation, ne semblent pas assumer entièrement leurs responsabilités et il suffit de jeter un coup d’œil du côté des salles de fêtes qui accueillent les cérémonies de mariage pour s’en convaincre.
En plus, la confiance qui doit gérer la relation entre les gouvernants et les citoyens bat de l’aile depuis longtemps et incite encore à l’indiscipline et même à la désobéissance qui constitue, en soi, une manière d’opter pour un stupide suicide collectif.
Des craintes justifiées
Ainsi, avec un gouvernement irresponsable et n’ayant en main aucune solution pratique qui augure d’une véritable lutte contre la pandémie, avec des caisses vides qui n’encouragent pas à décréter un confinement général bien qu’il représente le remède le plus efficace pour contrecarrer la propagation du virus et avec une population insolente et arrogante qui continue à adhérer à cette fuite en avant, nous pouvons imaginer les pires scénarios possibles pour les semaines à venir avec des chiffres qui dépassent l’imagination et un gouvernement qui va se limiter à compter ses morts dans une totale indifférence.
Verra-t-on l’Etat agir de meilleure façon pour mener autrement cette guerre ? Verra-t-on le gouvernement assumer pleinement sa responsabilité au lieu de se cacher derrière les dérapages des citoyens ? Verra-t-on la population faire preuve de plus de maturité en ces moments difficiles pour tout un peuple ?
Jusqu’à présent, la crainte du pire a sa raison d’être, à moins d’une prise de conscience collective susceptible de sauver les meubles avant qu’il ne soit trop tard.