La décision des autorités françaises de durcir l’octroi des visas à l’égard des Tunisiens, des Algériens et des Marocains a été considérée comme une mesure de rétorsion. La France invoque le refus des trois pays du Maghreb de « délivrer les laissez-passer consulaires nécessaires au retour des immigrés en situation irrégulière et qui auraient commis des actes de terrorisme, crimes ou délits et qui ont été refoulés du territoire français ».
Cette baisse de 50% pour les ressortissants du Maroc et de l’Algérie et de 33% pour ceux de Tunisie, aux allures de sanctions, qui se traduit par une baisse de 50% pour les ressortissants du Maroc et de l’Algérie et de 33% pour ceux de Tunisie, a fait réagir Rabat et Alger .
Le Maroc regrette cette décision qualifiée « d’injustifiée » par le chef de la diplomatie marocaine Nasser Bourita.
De son côté, l’Algérie déplore la décision de la France de durcir les conditions de délivrance de visas aux ressortissants algériens qui est « disproportionnée » et « malencontreuse ».
Par contre, aucune réaction jusque-là de la part des autorités tunisiennes qui se murent dans le silence.
Selon BFM TV, « les chiffres des procédures d’expulsions enclenchées par les autorités, soit les « obligations de quitter le territoire français » (OQTF), sont les seuls à avoir augmenté pendant la crise du Covid-19 ».
Entre le 1er janvier et juillet 2021, 7.731 Algériens ont été visés par ces OQTF, soit 47% de plus qu’à la même période en 2020, selon les données transmises par le ministère de l’Intérieur à l’AFP. 3.301 Marocains sont dans la même situation (+25%), presque autant que les Tunisiens, 3.424 (+43%).
Placements en rétention
Sur les mêmes sept premiers mois de 2021, les placements en centres de rétention administratives (CRA), où sont retenus les étrangers en situation irrégulière dans l’attente de leur expulsion, ont chuté de 55% par rapport à 2020 pour les ressortissants algériens (597 contre 1.321 entre janvier et juillet 2020).
542 Marocains ont été enfermés en CRA (-16%), tandis que les chiffres sont stables pour les Tunisiens (674 en 2021, 656 en 2020).
Laissez-passer consulaires
C’est sur le sujet des laissez-passer consulaires (LPC) que le bât blesse, point d’achoppement entre la France et ces trois pays qui n’en délivrent qu’au compte-goutte, freinant des expulsions déjà rendues compliquées par la crise sanitaire et les fermetures des frontières. La décision française sur les visas vise justement à « pousser les pays concernés à changer de politique et accepter de délivrer ces laissez-passer consulaires », a expliqué le porte-parole du gouvernement Gabriel Attal.
Seulement 31 ont été délivrés par l’Algérie en 2021 (-90% par rapport à la même période de 2020, et alors qu’elle en délivrait 1.142 en 2019), soit un « taux de coopération » de 5%, selon la Place Beauvau.
Le Maroc a délivré 138 de ces documents entre janvier et juillet, un nombre stable avec un taux de coopération de 25%. La Tunisie en a émis 153 sur la même période (soit plus qu’en 2020, 134, mais quatre fois moins qu’en 2019), pour un taux de coopération de 23%.
Les expulsions effectives
Résultat, le nombre de « retours forcés exécutés » est en chute, en particulier pour l’Algérie, où la baisse est de 94% entre 2021 et 2020: seulement 22 Algériens ont été renvoyés entre janvier et juillet, contre 385 sur la même période de 2020 et 1.677 en 2019. En 2021, le taux d’éloignement, soit le ratio entre le nombre de personnes sous OQTF et le nombre de personnes effectivement expulsées, est tombé à 0,3%, contre 18% en 2019.
Ce taux est également en chute libre côté marocain en 2021: 2,4%. 80 ressortissants marocains ont été expulsés, soit deux fois moins qu’en 2020.
Un taux qui ne cesse de décroître en Tunisie, aussi: 4% en 2021, 8% en 2020, 19% en 2019. Entre janvier et juillet cette année, 131 Tunisiens ont été expulsés.