RFI a publié ce dimanche, sur son site, un reportage sur « la nouvelle vie des députés tunisiens », après la suspension, par le président de la République Kais Saied, le 25 Juillet dernier, des activités de l’Assemblée des représentants du peuple(ARP) et la levée de leur immunité parlementaire.

Avec une photo d’illustration de Leila Haddad, la radio française utilise le titre d’une publicité américaine « Desperate deputies », qui exhorte les gens à envisager de travailler pour le bureau du shérif du comté de Mahoning, la vallée de l’ acier qui est une région métropolitaine dans l’Ohio du Nord-Est  des Etats Unis.

L’auteur du reportage, Amira Souilem, pense que cela « pourrait être le nom d’une série à succès tant le nouveau quotidien des parlementaires tunisiens recèle à la fois d’intrigues à rebondissements, de traumatismes enfouis et de prosaïques considérations journalières. En gelant de façon impromptue les activités de l’Assemblée en juillet dernier, le président tunisien a bouleversé la vie des 217 élus qui tentent chacun à leur façon de se réinventer. Deux d’entre eux ont accepté de nous dévoiler des pans de leur nouvelle vie ».

Leïla Haddad, députée du parti dit du peuple, 48 ans, a décidé d’enfiler de nouveau sa toge d’avocate dès le lendemain des annonces présidentielles. « Je suis une femme pragmatique, de terrain. Ce qui m’intéresse c’est de défendre les intérêts du peuple. Peu importe que ça se fasse au parlement ou au tribunal tant que j’œuvre dans ce sens-là. J’ai donc voulu retourner à mon travail d’origine vite ».

Soutien indéfectible du président Kaïs Saïed – et sans doute bien informée – Leïla Haddad avait aussi compris que le gel du Parlement risquait de s’installer dans le temps….

Ce n’est pas le cas de sa collègue du mouvement Ennahdha Saida Lounissi, l’ancienne ministre de l’emploi réputée proche de Rached Ghannouchi, et qui comme ses camarades d’Ennahdha se fait très discrète. elle, à son domicile – autour d’une assiette de macarons – dans une banlieue résidentielle et populaire de Tunis. L’intérieur est sobre, un minimalisme égayé par les gambadements insouciants de sa petite fille de trois ans fraîchement réveillée de sa sieste : « On raconte que les gens d’Ennahdha et ses leaders notamment vivent dans des palais, mais ce n’est pas vrai ».

Quand on lui demande si c’est pour le prouver qu’elle a proposé une rencontre chez elle pour cette interview, elle s’esclaffe :« Pas du tout ! Même si je trouve qu’il est quand même bien mon appart ! »