La Tunisie est l’un des rares pays au monde qui fête deux fois, par an, la femme. D’abord le 8 Mars, la Journée internationale de la femme. Cette date correspond, en fait, à une grève des travailleuses de l’industrie textile à New York qui, le 8 mars 1857, ont cessé le travail pour protester contre leurs maigres salaires et leurs mauvaises conditions de travail. Commémorée, pour la première fois, en 1910, cette journée a été, officiellement, proclamée par les Nations unies Journée internationale de la femme en 1975.

Ensuite le 13 Août qui coïncide avec la promulgation en 1956 du Code du statut personnel, un acquis inégalé dans le monde arabo-musulman. Depuis, cette date est devenue une fête nationale.

Grâce au Père de l’indépendance

Si dans plusieurs pays, les femmes doivent encore lutter pour la reconnaissance de leurs droits les plus élémentaires, comme l’accès à l’école et à la citoyenneté, le droit à un travail rémunéré…,dans d’autres, qui ont fait de la participation active de la femme à l’œuvre de développement une composante essentielle de leur modèle de société, les aspirations ont plutôt pour noms une plus grande présence dans la vie publique et dans la population active, une représentativité plus importante dans les institutions et un rôle de partenaire à part entière au foyer. Comme c’est le cas chez nous en Tunisie où la femme dispose, grâce au père de l’indépendance Habib Bourguiba, d’un statut que lui envient plusieurs de ses semblables, même dans les démocraties les plus ancrées. Elles ont, au cours des dernières années, fait échouer toutes les velléités d’une remise en cause des acquis.

Le 11 Aout 2017, une loi historique et intégrale a été adoptée pour mettre fin à « toutes les formes de violences faites aux femmes, y compris la violence économique et où la loi impose aux femmes de contribuer aux charges de la famille si elle a des biens ». Elle renforce la protection des victimes et abolit des dispositions jugées rétrogrades.
On a beau dire que la Tunisie est « pionnière en matière de droits des femmes dans le monde arabe », mais les Tunisiennes restent victimes de discriminations dans de nombreux domaines, dont « l’inégalité successorale » qui « freine l’entrepreneuriat féminin, appauvrit les femmes et réduit leur autonomie ».

« Chiennes de garde »

La société tunisienne demeure marquée par le phénomène du machisme, «suprématie du mâle, faite par et pour le mâle». Phénomène présent dans certaines sociétés européennes comme la société française où une association, au nom fort révélateur, «les Chiennes de garde», en l’occurrence, a vu le jour pour lutter contre la «violence machiste», laquelle englobe, entre autres, violence physique, harcèlement et sexisme. Mais aussi et surtout les dérapages linguistiques, c’est-à-dire le fait de traiter les femmes de qualificatifs ignobles, et qui ne sont que des vieux réflexes sexistes.

Le parlement tunisien a été cette année le théâtre de plusieurs agressions caractérisées contre des femmes députées. La plus abjecte a eu lieu Mercredi 30 juin, lors d’une séance plénière et dont a été coupable Sahbi Smara, à l’encontre d’Abir Moussi. D’autres députées, comme Samia Abbou et Amel Saidi, ont fait les frais de la violence, érigée pratiquement en règle, par les élus de la Coalition al Karama, dont un représentant Mohamed Affes s’est déjà distingué par un discours avilissant et méprisants envers la femme tunisienne, allant jusqu’çà dénoncer ses acquis.

Toutefois, c’est au niveau des mentalités qu’on doit le plus agir. Les associations féminines et féministes doivent faire preuve de plus de vigilance et se transformer, s’il le faut, en «chiennes de garde» pour surveiller les dérapages et donner, si besoin est, l’alerte. 

L’égalité est un long combat qui ne s’arrête pas à la promulgation des textes. Les femmes continuent de subir toutes les formes de ségrégation, de violences physiques, morales et sexuelles.

B.O