En dépit des déclarations officielles quant à la bonne évolution des relations tuniso-libyennes, le climat s’est nettement alourdi au cours de ces derrières semaines. La délégation ministérielle libyenne composée des ministres des affaires étrangères Nejla Al-Mangoush et de l’intérieur, Khaled Mazen en visite en Tunisie est rentrée sans rencontrer le président de la république Kais Saied.
Cette visite, qualifiée de « très fructueuse », par la cheffe de la diplomatie libyenne, a permis aux deux parties de mettre les choses au clair. Tous les points litigieux ont été examinés : la sécurité des frontières communes et l’ouverture des points de passage avec la mise en place d’un protocole sanitaire commun, la lutte contre la pandémie du coronavirus, la résolution des arriérées de la dette des cliniques tunisiennes auprès de la Libye, la participation des entreprises tunisiennes à la reconstruction en Libye, et la protection des droits des travailleurs tunisiens, notamment ceux qui ont quitté le territoire libyen après la révolution de février 2011…
Rumeurs de complot
Toutefois, c’est au niveau de la question de la sécurité que les choses ont été longuement discutées, en raison des informations qui ont circulé ces derniers temps selon lesquelles 100 éléments terroristes auraient réussi à franchir les frontières tuniso-libyennes et à s’infiltrer sur le territoire tunisien. Elles ont fait écho aux déclarations de Kais Saied sur le projet d’attentat qui le visait. L’arrestation d’un « loup solitaire » qui planifiait d’assassiner le chef de l’Etat a fait planer le doute sur les relations entre les deux pays.
Le Chef de la diplomatie Othman Jerandi a démenti ces informations, lors de son passage dans le JT d’Al Watanya Une, le 26 Août, qu’il a qualifiées d’infondées. Il a exclu que la fermeture des frontières avec Libye « reposait sur des motifs sécuritaires », mais plutôt pour « des motifs sanitaire ».
La riposte de Debaibah
Mais cela ne semble pas avoir rassuré les autorités libyennes. Le chef du gouvernement provisoire Abdelhamid Debaibah a exprimé sans ambages et en de termes peu diplomatiques, ses sentiments lors d’un discours adressé au peuple libyen. Il accusé, sans le nommer, un pays voisin, d’avoir laissé entrer une dizaine de milliers de terroristes sur le sol libyen. « Ceux qui accusent le peuple libyen de terrorisme devraient se regarder dans le miroir », a-t-il déclaré. Il aurait, même qualifié de geste inamical, le fait que le président e la république Kais Saied n’avait pas reçu en audience ses deux ministres des affaires étrangères Nejla Al-Mangoush et de l’intérieur, Khaled Mazen.
A leur tour, les chefs des milices islamistes sont remontés contre Kais Saied. Dans un communiqué publié, hier, au cours de leur rassemblement dans la ville de Misrata, ils rejettent toutes les accusations formulées à partir de Tunis sur de « projets de complots en provenance de la base d’Al Watiya, à l’ouest libyen, de connivence avec Daech ». Ce ne sont, selon eux, que « des mensonges élaborés par le président tunisien ».
B.O