Les mesures exceptionnelles du 25 Juillet annoncés par le président de la République, à savoir la suspension l’activité du parlement, la levée de l’immunité parlementaire des députés et le limogeage du chef du gouvernement, ont impacté les partis politiques et principalement le mouvement Ennahdha et son allié Qalb Tounes.

Ce dernier s’est trouvé dans l’oeil du cyclone. Son président Nabil Karoui, poursuivi par la justice sur fond d’affaires de blanchiment d’argent et de détournement de fonds vers l’étranger, via des sociétés-écran, a été interpellé avec sin frère Ghazi, le député gelé, en Algérie, pour avoir franchi les frontières de manière illégale. Il sont été écroués dans une prison algérienne, en attendant leur comparution devant le pôle pénal spécialisé de Constantine en Algérie, après la clôture des investigations préliminaires menées par la police de Tébessa.

Structures en veilleuse

Déjà, les structures du parti ont été mises en veilleuse, bien avant le 25 Juillet. Son groupe parlementaire qui comprenait 38 députés après la proclamation des résultats définitifs des législatives d’Octobre 2019, a connu plusieurs démissions dont celle du président du groupe Hatem Mliki et qui a été suivi par beaucoup d’autres. La principale raison réside dans son alliance contre nature avec Ennahdha et la coalition al Karama.

En plus, le parti formé dans le sillage de l’association Khalil Tounes, créée par Karoui en homage à son fils mort dans un accident, n’a pas organisé son congrès constitutif.

L’annonce de l’état d’exception par la président Kais Saied a frappé de plein fouet le parti dont certains de ses membres sont soupçonnés de corruption. Il a, également, été épinglé par le rapport de la Cour des comptes relatif aux élections générales de 2019. Des infractions les graves, notamment en matière de financement de la campagne électorale, ont été relevées. Ce qui pourrait entrainer l’invalidation des résultats.

Seuls Samira Chaouachi et Oussama Khlifi

Après le 25 Juillet les choses ont commencé à mal tourner pour Qalb Tounes où seuls la vice-présidente de l’ARP Samira Chaouchi, connue pour sa transhumance partisane, continue de s’accorocher à son siège aux côté de Rached Ghannouchi et où le président de son groupe parlementaire Oussama Khlifi continue sa croisade contre les décisions du chef de l’Etat Kais Saied. La première a été mandatée par Ghannouchi pour rencontrer la délégation du Congrès américain dans la résidence de l’ambassadeur. Elle n’a pas fait dans la dentelle en accusant Saied d’avoir commis un coup d’état.

Alors que son collègue Khlifi est allé encore plus loin, lors de sa participation à la conférence des présidents du parlement mondial à Vienne les 6 et 7 Septembre, pour représenter Rached Ghannouchi. Il a déclaré, au cours de la plénière, que « la Tunisie vit au rythme d’une déviation politique et constitutionnelle dangereuse qui a entravé le bon déroulement du travail du parlement. Il a carrément appelé le parlement mondial à intervenir pour faire pression en vue d’un retour à la situation d’avant le 25 Juillet 2021. Ce qui a été jugée par les observateurs comme un appel aux ingérences étrangères dans les affaires intérieures du pays.

Du coup Khlifi, qui se trouve actuellement à l’étranger, a été traité de « traitre » et menacé de mort, d’après ses déclarations.

Des démissions en cascade

Entre temps, le porte parole du parti Sadok Jabnoun a démissionné. Il a été suivi par les députés Jaouher Mghirbi , Foued Thameur et Jédidi Sbouii. Ces deux derniers ont contesté les déclarations de Chaouachi et Khlifi. Fouad Thameur a précisé à « JDD Tunisie », dans une précédente déclaration, que les principales causes sont l’intervention du président du bloc parlementaire de Qalb tounes, Oussama Khelifi lors de la Conférence mondiale des présidents du parlement mondial qu’il considère comme lui une ligne rouge et une question de principe.

Qalb Tounes risque de ne pas se relever de ce coup. Ses électeurs l’ont désavoué pour s’être retourné contre ses promesses électorales, dont notamment la non alliance avec Ennahdha. Son soutien affirmé au gouvernement Méchichi lui a été fatale.