Fidèle à sa manière de communiquer, le président de la République, Kaïs Saïed, s’est livré à un soliloque d’une trentaine de  minutes lors de sa rencontre, jeudi 2 septembre à Carthage, avec Brahim Bouderbela, bâtonnier des avocats, Bechir Laâbidi, secrétaire général de la Ligue tunisienne des droits de l’Homme (LTDH) et son vice-président Bassem Trifi.

Le chef de l’Etat qui a fait de la lutte contre la corruption son cheval de bataille continue de guerroyer contre ce phénomène qui gangrène la société.

Cette fois-ci, il est allé plus loin en brandissant des dossiers de corruption de certains avocats, dénonçant vigoureusement ce qu’il a appelle « les suceurs du sang du peuple ». Ces personnes qui s’enrichissent sans vergogne aux dépens des pauvres citoyens.

« Ils ont affamé les Tunisiens , les ont, martyrisés et ont mis l’État en faillite, comme l’ ont fait Khaznadar et Ben Ayed ( du temps de Sadok Bey), puis trouvent dans certains textes juridiques des issues et les affaires demeurent dans les tribunaux pendant des décennies », a-t-il déclaré.

Furieux, il ajoute : « Il y a un groupe de personnes qui planifient et d’autres qui mettent en œuvre ce qui a été convenu afin de porter atteinte à l’institution de la présidence de la République ».
Kaïs Saïed a précisé, dans ce cadre, que des parties ont voté des lois en échange de sommes d’argent : « figurez-vous, qu’il y a un article (d’un projet de loi) qu’ils ont tenté de faire adopter contre 150 mille dinars (…) Est-ce une légitimité ou un marché aux esclaves ? », s’est-il interrogé.

 « La femme d’un avocat qui ne travaille pas possède des biens estimés à 100 millions de dinars », a-t-il lancé devant ses interlocuteurs hébétés. « D’autres ont usé de chantage à l’égard des hommes d’affaires et l’un d’eux, qui était dans le gouvernement avant d’entrer au parlement, a ramassé la somme de 1500 millions de dinars et a enregistré ses biens au nom de son épouse », a-t-il ajouté.

Le président a révélé que des pièces à conviction ont été soustraites des dossiers des accusés dans les tribunaux. Mais ce qui est plus grave encore c’est que la nationalité se tunisienne a été obtenue moyennant la rondelette somme de 100 mille dinars.

C’est pourquoi, « le Président tient, avant tout, à terminer la purge entamée et à se débarrasser des écueils susceptibles de menacer la mise en place de la future stratégie présidentielle, comme l’crevait notre collègue Kamel Zaiem dans une précédente chronique.

Sur un autre plan, le président de la république a affirmé son engagement à continuer dans la même démarche et à ne pas porter atteinte aux droits de l’Homme et au respect des libertés, y compris la liberté d’expression et de manifestation. Il a expliqué qu’il est contre le chantage, l’injustice et toute violation de la loi.

« Il n’y aura pas de retour en arrière » a-t-il assuré.