Le journal français « le Point » a publié ce dimanche 5 septembre 2021 un article intitulé « Tunisie : la démocratie entre parenthèses » rédigé par le journaliste Benoît Delmas.
Delmas a commencé son article par une citation d’un » familier des élites tunisiennes » qui note que « Carthage est tellement fermée qu’on ne pourrait y glisser une idée sous la porte ».
L’article a rappelé les décisions prises par Kais Saïed tels que l’octroi du pouvoir exécutif, la suspension des fonctions du parlement et le limogeage du chef du gouvernement et l’interdiction de « à certaines professions de pouvoir voyager (la profession est inscrite sur la carte d’identité) »
Quarante-deux jours que la Kasbah, le 10 Downing Street tunisois, est fermée, portes closes, président du gouvernement démis, conseillers et chargés de mission débarqués, personnel placé au chômage technique (hormis la sécurité). Quarante-deux jours que les amples grilles qui ceinturent l’Assemblée des représentants du peuple (ARP) demeurent cadenassées, députés renvoyés dans leurs foyers, immunité judiciaire levée, personnel soumis au même régime que la présidence du gouvernement. Quarante-deux jours que l’administration attend une feuille de route, des arbitrages. Carthage concentre tous les pouvoirs politiques, l’armée et le judiciaire en sus selon la même source.
Que peut attendre la Tunisie démocratique d’une situation d’exception, sans aucun contre-pouvoir ? s’interroge Delmas.
« Sa seule boussole, c’est la rue »
Plusieurs scénarios seront évoqués notamment la mise en place d’une organisation provisoire des pouvoirs décidée par Kaïs Saïed avec l’assentiment silencieux de l’armée. Elle régenterait la vie politique du pays pour un court/moyen terme. Le Parlement ne devrait pas reprendre ses activités, cela semble difficilement compatible avec les orientations d’un président qui l’accuse d’être « un danger pour l’État », a indiqué Delmas.
Pour le secteur économique, l’article a souligné qu’en attendant aides et crédits internationaux, les finances publiques se tournent vers les réserves en devises de la Banque centrale. La planche à billets pour rembourser les emprunts, payer les 800 000 membres de la fonction publique, fournir les devises nécessaires aux importations (énergie notamment) n’est pas à l’ordre du jour.
La classe politique atomisée, l’international en sommeil
Dans cette partie , l’arrestation de Nabil et Ghazi Karoui a été évoquée.
« Si Josep Borrell, le haut représentant pour les Affaires étrangères, et Charles Michel, le président du Conseil européen, ont téléphoné à Kaïs Saïed en juillet, ils ont obtenu peu de réponses quant à la remise en marche de la machine démocratique. Seuls les États-Unis ont manifesté leurs mauvaises humeurs. »