Plusieurs régions du pays, dont Tunis, Sousse, Nabeul, Siliana et Bizerte, ont enregistré pour la troisième nuit consécutive des troubles, dont les motifs exacts ne sont pas, pour le moment, connus.  

Bravant le couvre-feu et le confinement général, des dizaines de jeunes se rassemblent dès le coucher du soleil dans les rues pour brûler des pneus, dresser des barrages de fortune, insulter la police, casser des devantures de commerce et piller des magasins.  

Lors de ces émeutes nocturnes, qui interviennent dans un contexte d’instabilité politique et de crise économique, des actes de pillage et de vandalisme ciblent particulièrement les points de vente de la chaîne de supermarchés « Aziza ». Selon des vidéos diffusées sur les réseaux sociaux, les points de vente de cet acteur majeur de la grande distribution en Tunisie ont été, entre autres, pris pour cible à Moknine (Monastir), M’hamdia (Ben Arous), Houmt El Oued (Sousse), Ettadhamen (Tunis) et Jelma (Sidi Bouzid).  

Important maillage territorial

Plusieurs facteurs expliquent l’acharnement des pilleurs sur cette enseigne. Il s’agit d’abord de l’important maillage territorial dont bénéficie la chaîne, qui se positionne sur le marché  de la grande distribution à travers un concept de discount avec des magasins de proximité, proposant des produits de qualité à prix abordable.

Leader sur le segment du hard discount, « Aziza » compte en effet un réseau de 344 magasins disséminés à travers toutes les régions de la République. L’enseigne plante son fanion aussi bien dans les quartiers huppés que dans les cités populaires.

D’autre part, la chaîne de grande distribution présente dans tous les quartiers populaires à forte densité démographique  ne semble pas avoir mobilisé des gardiens pour protéger ses points de vente. Elle gagnerait d’ailleurs à intégrer le risque de pillage dans son business-model et à souscrire un contrat d’assurances couvrant les «risques d’émeutes et de mouvements sociaux» comme l’ont fait plusieurs entreprises tunisiennes depuis la révolution.

Filiale du groupe Slama

Et last but not least, certains observateurs estiment qu’une intox très répandue sur le propriétaire de la société aurait incité les pilleurs à prendre les magasins « Aziza » pour cible. La rumeur a laissé croire que l’entreprise est la propriété de Hamadi Jebali, l’ancien chef du gouvernement et ex-secrétaire général du mouvement Ennahdha, ce qui est bien évidemment archi faux.

La chaîne de supermarchés est une filiale du groupe familial Slama de l’homme d’affaires Ali Slama. Les autres actionnaires de l’enseigne fondée en 2014, sont la société d’investissement tuniso-koweitienne Ekuity Capita  (ex-CTKD), le fonds d’investissement espagnol Mediterrania Capital Partners (MCP) et la compagnie maltaise Olea SPV.