La géopolitique du Foot Africain

Le 12 mars 2021 à Rabat, les 54 fédérations africaines de football devront se prononcer pour élire le prochain président de la Confédération Africaine de football (CAF).

Ahmad Ahmad : un retour inespéré

Quatre candidats étaient déjà en lice jusqu’au 29 janvier 2021, date à laquelle le Tribunal Arbitral du Sport (TAS) a estimé que le président sortant, Ahmad Ahmad, pouvait reprendre son poste de président de la CAF en attendant son jugement pour abus de pouvoir et détournement de fonds. Dès lors, le Malgache a relancé sa candidature pour sa propre succession.

Cette décision du TAS accorde un sursis précaire à Ahmad Ahmad puisque son dossier sera examiné à partir du 2 mars et la décision judiciaire sera prononcée avant la tenue des élections le 12 mars 2021. Le président sortant pourrait alors être définitivement écarté de la course à la présidence.

Face à cette situation rocambolesque, on peut se demander comment se déroulent les jeux d’alliance pour atteindre la présidence de la Confédération Africaine de Football, un poste hautement politique dans un continent considéré comme le réservoir de l’Europe en joueurs de qualité.

Face à Ahmad Ahmad, quatre autres candidats bénéficiant du soutien respectif de leurs différents gouvernements sont en lice pour la présidence de la CAF.

L’Ivoirien Jacques Anouma

70 ans, ancien président de la fédération ivoirienne de football en 2002. Anouma avait déjà perdu les élections en 2013 face au Camerounais Hayatou. Il bénéficierait du soutien de certaines fédérations de la zone ouest. Un soutien devenu volatile après la décision de la TAS du 29 janvier 2021 permettant le retour du président sortant Ahmad Ahmad.

Le Mauritanien Ahmad Yahya

Âgé de 44 ans seulement, c’est le benjamin des candidats à ces élections. Président de la fédération mauritanienne de football depuis 2011, il est considéré comme un proche du président qu’il côtoie depuis 2017 au Comité exécutif de la CAF. Selon les bruits des coulisses, il serait l’un des favoris du président de la FIFA, Gianni Infantino. Ses chances pourraient être renforcées si le TAS confirme les accusations contre Ahmad Ahmad et l’écarte de la course à la présidence de la CAF.

Le Sénégalais Augustin Senghor

Âgé de 56 ans, Senghor est président de la Fédération sénégalaise de football depuis 2009 et membre du Comité exécutif de la CAF depuis 2017. Avocat de métier, il est apprécié dans la zone ouest-africaine pour ses qualités de médiateur mais demeure outsider face aux autres candidats.

Le Sud-Africain Patrice Motsepe

Âgé de 58 ans, Motsepe est un homme d’affaires disposant de la dixième fortune d’Afrique estimée par Forbes à 2,4 milliards de dollars. Il dirige depuis 2003 le club Mamelodi Sundows FC avec lequel il a réussi à atteindre le palmarès d’une Ligue des champions (2016), une Supercoupe d’Afrique (2017), huit titres de champion et trois Coupes d’Afrique du Sud.

Motsepe a été reçu en début d’année par le président de la Guinée, Alpha Condé, qui lui a assuré son soutien contre une promesse d’investissements dans le pays. Il bénéficierait aussi, selon ses proches, du soutien de 14 fédérations d’Afrique Australe. Selon les rumeurs, il serait aussi le favori du président de la FIFA.

Récemment, le milliardaire a dû s’excuser après avoir déclaré à Trump en marge du Forum économique de Davos que « l’Afrique aime l’Amérique et aime Trump ».