Le Think tank indépendant, l’Institut Montaigne qui « est une plateforme de réflexion, de propositions et d’expérimentations consacrée aux politiques publiques en France » a publié, le 1er septembre analyse  sur la région du Maghreb sous le titre « Algérie, Maroc, Tunisie : quand le Maghreb entre en ébullition ».

 « Depuis le début de l’été, les États du Maghreb traversent une période de forte instabilité. La pandémie y a exacerbé des difficultés préexistantes dont témoignaient le hirak algérien de 2019, la révolte du Rif marocain en 2017 et l’instabilité politique et sociale tunisienne depuis 2011. Partout, la corruption, les inégalités et la pauvreté, notamment des régions rurales, minent le pacte social. Avec la crise sanitaire, l’arrêt de l’économie et la chute drastique des prix du pétrole, cette instabilité a encore augmenté. Dans ce contexte tumultueux, que signifient la crise institutionnelle qui secoue la Tunisie depuis un mois et la rupture des relations diplomatiques entre l’Algérie et le Maroc, intervenue cette semaine ? Quelles conséquences pour l’Europe et la France ? Explications de Hakim El Karoui, Senior Fellow à l’Institut Montaigne et auteur de la note La stabilité du Maghreb, un impératif pour l’Europe.

Les ingrédients d’un cocktail explosif

L’Algérie, tout d’abord, apparaît aujourd’hui fragilisée sur le plan politique. S’il a conduit au départ d’Abdelaziz Bouteflika, le hirak apparu en 2019 n’a pas abouti à de réels changements institutionnels, et la question de la transition vers un régime plus efficace et représentatif des aspirations du peuple algérien demeure pendante. C’est dans ce contexte qu’est survenue la pandémie, aux conséquences dévastatrices pour l’Algérie : au-delà de la difficile gestion de la crise sanitaire, l’effondrement du prix des hydrocarbures a mis à mal l’économie, tandis que les ressources manquent à présent pour relancer la consommation. S’ajoutent à ce tableau les feux de forêt qui ont ravagé la Kabylie en août, catastrophe naturelle sans précédent au bilan humain dramatique, puisque l’on dénombre 100 morts dont 30 militaires, et qui a en outre ravivé la question des relations difficiles de cette région avec le pouvoir central.
 
Le Maroc, lui, bénéficie d’une situation politique plus apaisée ; la crise sanitaire y a été bien gérée grâce à la mise en place d’un confinement strict et à une campagne de vaccination menée très tôt, puisque les essais cliniques du vaccin chinois Sinopharm ont été effectués dès novembre 2020. Plusieurs événements diplomatiques ont cependant attisé les tensions régionales au cours des derniers mois : citons ainsi la signature par le Maroc des accords d’Abraham, marquant la normalisation de ses relations avec Israël, la reconnaissance par les États-Unis de la souveraineté marocaine sur le Sahara occidental, ou encore le rapprochement économique opéré avec la Chine : au cours des trois dernières années, le volume des échanges commerciaux entre les deux pays a progressé de 50 %.
 
La Tunisie, enfin, est confrontée à une double crise : politique, tout d’abord, avec une défiance marquée de la population et de l’exécutif vis-à-vis du gouvernement soutenu par le parlement, mais aussi financière, l’État tunisien, fortement endetté, peinant aujourd’hui à trouver de nécessaires financements supplémentaires. C’est dans ce contexte que le variant delta a fait des ravages en juin et en juillet...

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