Longtemps protégé par le Mouvement Ennahdha, la chaine Zitouna TV a subi ce mercredi les foudres de la Haute autorité de la communication audiovisuelle. Elle a été fermée et ses équipements saisis avec l’aide de la force publique. Elle ne sera pas la seule et pourrait être suivie par d’autres médias audiovisuels considérés comme illégaux par la HAICA.
L’épuration de l’audiovisuel est ainsi à l’œuvre. Et même s’il s’en défende il est acquis que les insultes proférées contre le président de la République lors d’une émission de Zitouna TV y est pour beaucoup. La diffusion de cette émission a coûté au journaliste Ameur Ayed et au député gelé d’Al Karama Abdellatif Aloui, d’être poursuivis par la justice militaire, rappelle-t-on.
Selon Hichem Senoussi, membre de la HAICA, la saisie a eu lieu sur la base d’une décision prise en août 2020 qui a été actualisée en août de cette année. Il a ajouté qu’une première décision date de 2014 et qu’une première tentative de saisie a eu lieu en 2015 avec scellés des studios. Mais ces scellés ont été bisés et la diffusion a repris, car la chaine était protégée par un système dirigé par Ennahdha.
Senoussi a précisé que les décisions de saisie vont concerner tous les médias illégaux, indiquant que des avertissements leur ont été adressés. Il a cité parmi ces médias Nessma TV, Hannibal TV et la radio Al-Quaran Karim. Il les a appelés à arrêter volontairement leur diffusion et à régulariser leur situation.
Il a affirmé que la décision de saisie est une décision légale qui n’a rien à voir avec les développements politiques actuels en allusion à la situation que vit le pays depuis le 25 juillet 2021. Zitouna TV diffusait sans autorisation et elle ne respectait pas les décrets lois 115 et 116 ainsi que les textes relatifs à la diffusion radio-télévisée.
Il a rappelé que cette chaine a été invitée à arrêter volontairement sa diffusion et qu’elle a écopé d’une amende de 50.000 dinars pour diffusion illégale. La même sanction a été imposée aux autres médias diffusant illégalement.
Senoussi a démenti que les équipements saisis aient été endommagés.
Il a appelé à la nécessité d’arrêter ce qu’il a appelé le phénomène de diffusion sans autorisation, soulignant que c’est grâce à la volonté politique enfin là pour la première fois que la loi a été appliquée.
La décision de saisie n’a pas été prise, en raison de la conjoncture politique, mais c’est la première fois que le ministère de l’Intérieur assure la force publique indispensable pour l’application de la loi, a-t-il dit.
Selon lui il y a eu par le passé des tentatives de mettre en œuvre la loi, mais elles se sont heurtées au refus des autorités. Il a ajouté que la HAICA a prononcé des amendes de plusieurs milliers de dinars à l’encontre la chaine Zitouna TV, mais pas une seule de ces amendes n’a été réglée, car le ministère des Finances n’a pas transmis ces sanctions aux recettes des finances pour recouvrement.
Hichem Senoussi a rappelé que le propriétaire de Zitouna TV est membre du Conseil de la Choura d’Ennahdha (il s’agit d’Oussama Ben Salem-ndlr), alors que la loi interdit aux dirigeants de partis politiques d’être propriétaires de chaine radio ou tv. Selon lui cette chaine a violé la loi électorale car elle faisait de la propagande politique. Ce qui est aussi le cas de Nessma TV.
Cela n’a rien à voir avec la liberté de presse et d’expression, a-t-il précisé mettant l’accent sur la nécessité d’éviter les discussions biaisées sur cette liberté, car le pays n’était pas sous l’empire de l’Etat de droit et des institutions. Il a accusé d’ailleurs Ennahdha d’empêcher la mise en place de cadres et des lois pour la protection de la liberté d’expression.
Il a déclaré que la décision de saisie de matériel devrait inclure le reste des médias illégaux, appelant ces derniers à cesser volontairement de diffuser et à régulariser leur situation avec la Haute autorité.
Il a également rappelé le rapport de la HAICA sur les élections de 2019, qu’elle a jugé déloyales compte tenu du rôle joué par les médias.
RBR