Dans moins de deux mois, l’Ile de Djerba est supposée accueillir le 18ème Sommet de la Francophonie qui devait être l’occasion de la célébration, retardée d’une année du 50ème anniversaire de la Francophonie, voulue par ses pères fondateurs parmi lesquels, figure en première place le leader du mouvement national, le fondateur de l’Etat tunisien moderne, Habib Bourguiba.

Dans la présentation du profil de la nouvelle cheffe du gouvernement Najla Bouden Romdhane, j’ai lu que celle-ci est une parfaire francophone. Ce qui n’est pas étrange s’agissant d’une ancienne étudiante et diplômée de la prestigieuse Ecole des Mines de Paris.

Si c’est le cas ce dont je ne doute pas puisque la dame est âgée de 63 ans, ce qui renforce cette conviction, l’on ne peut que dire : Bien joué Kaïs Saïed. Car à l’évidence cet élément est entré en ligne de compte dans le choix de Mme Najla Bouden Romdhane.

En effet, on a commencé ces dernières semaines à se poser des questions concernant ce Sommet. D’après certaines rumeurs, aucun chef d’Etat ou de gouvernement n’a jusqu’alors confirmé sa participation, ce qui n’est pas anormal pour des raisons évidentes de sécurité. Mais il faut bien prendre en considération, un aspect d’une importance primordiale quand il est question de rencontres internationales. Lorsqu’un président, un Premier ministre ou même un ministre des Affaires étrangères décide de prendre part à une conférence internationale, l’état des relations entre les deux pays est important, mais ce qui l’est encore davantage c’est la justification politique qu’on donnera à cette participation. Elle est d’abord et avant tout un soutien indirect au pays d’accueil et à sa direction. C’est à cette aune qu’elle sera jugée et les chefs d’Etat et de gouvernements ne tiennent pas à être déjugés sur ce plan.

De ce point de vue les décisions prises par le président de la République de déclarer l’état d’exception, surtout en révoquant le chef du gouvernement et en suspendant les activités du Parlement sine die peuvent influer considérablement sur l’éventuelle participation de haut niveau à ce Sommet. La mainmise de Kaïs Saïed à travers la promulgation d’un décret présidentiel où il s’octroie tous les pouvoirs, sans deadline pour leur levée ne peut que rendre cette participation de haut niveau encore plus problématique.

Parfaite francophone

Sans aucun doute, ce souci n’a pas échappé à Kaïs Saïed lors du choix d’une femme, de plus bardée de diplômes et parfaite francophone par-dessus le marché. Car il reviendra à la cheffe du gouvernement d’accueillir ses homologues et de diriger la délégation tunisienne lorsque le chef de l’Etat accédera comme c’est la coutume à la présidence du Sommet. Elle aura aussi à s’entretenir avec les chefs d’Etat et autres officiels de haut niveau. Ses qualités, de femme, usant avec facilité la langue de Molière et de plus, « une tête bien pleine »  lui seront d’une grande utilité pour remplir cette fonction.

On a d’ailleurs remarqué que la première activité officielle de Kaïs Saïed après la nomination de Najla Bouden Romdhane à la tête du gouvernement fut de s’entretenir au téléphone avec la Secrétaire générale de l’Organisation internationale de la Francophone avec laquelle il a abordé nombre de questions dont en premier l’organisation du 18ème Sommet de la Francophonie. Louise Mushikiwabo  a annoncé qu’elle viendra dans les prochains jours à Tunis probablement pour finaliser ladite organisation dans un sens comme dans un autre.

En nommant Najla Bouden à la tête du gouvernement, Kaïs Saied a certes insisté sur le caractère « historique » de la nomination d’une femme pour la première fois pour diriger le gouvernement en Tunisie. « C’est un honneur pour la Tunisie et un hommage à la femme tunisienne. », a-t-il affirmé, mais s’il lui est arrivé de faire d’une pierre plusieurs coups, pourquoi pas. On dirait volontiers : Bien joué l’artiste.

RBR