Par : Kamel Zaiem

Finalement, nos gouvernants ont osé bouger pour serrer le vis de manière plus rigoureuse et à faire taire ceux qui exigent l’usage des moyens extrêmes pour mieux contrecarrer une pandémie de plus en plus meurtrière.

Et cette fois-ci, il a fallu au Comité scientifique de lutte contre le Covid-19 de brandir la menace de la démission collective pour pousser le chef du gouvernement à annoncer des mesures plus strictes.

Le comité national de lutte contre la propagation du coronavirus s’est réuni sous la présidence du chef du gouvernement, ce mardi 29 juin 2021, au Palais de la Kasbah à l’issue de la réunion du comité scientifique, pour examiner les recommandations et les avis proposés sur la base des données scientifiques afin contenir la propagation du virus et examiner des mesures supplémentaires. D’après un communiqué de la Kasbah paru aujourd’hui, de nouvelles mesures ont été annoncées à partir du 1er juillet, outre celles prises du 26 juin au 11 juillet. Elles concernent essentiellement l’horaire du couvre-feu qui débutera désormais à 20 heures ainsi que le report de toutes les manifestations et célébrations publiques dans les espaces ouverts ou fermés en plus de l’exigence de présenter un PCR négatif accompagné d’un QR Code pour tous les passagers arrivant en Tunisie, ne dépassant pas les 72h.

Intérêts opposés

A parcourir la liste des nouvelles mesures, nous ne pouvons que nous réjouir de cette prise de conscience de la part du gouvernement qui a usé pendant longtemps de la fuite en avant au lieu d’aller directement au but dans cette bataille de survie contre le Covid-19.

Cette fois-ci, l’avis de la Commission scientifique a été plus respecté que d’habitude et l’annonce de ces nouvelles mesures est venue apaiser la tension entre les hautes compétences de cette commission et les opportunistes hommes politiques qui ont pris l’habitude de traiter tous les problèmes du pays avec, en priorité, l’assurance de servir leurs propres intérêts avant ceux du pays.

Il faut dire que Hichem Mechichi et ses proches collaborateurs ont souvent fait la sourde oreille aux spécialistes de la Commission scientifique. Seulement, cette fois-ci, ils se sont trouvés dans l’impasse et dans une très mauvaise posture qui les a obligés de changer de stratégie.

Confinement politique !

Il y a lieu de rappeler que la dite commission a été ignorée à maintes reprises, notamment lorsqu’elle a suggéré à Mechichi , qui avait décrété un confinement général de quatre jours au mois de janvier 2021, d’ordonner une prolongation des mesures de ce confinement de deux semaines de plus afin de casser les cercles de contamination. Cette proposition a connu le même sort que ses devancières car le chef du gouvernement s’est limité à un « confinement politique » de quatre jours, juste pour obliger une jeune population en colère de garder la maison et pour « casser » le rythme des manifestations nocturnes qui commençaient à peser et à menacer le gouvernement et les partis qui le soutiennent.

Aujourd’hui, alors que la pandémie s’est dangereusement installée dans toutes les régions du pays et a envahi nos hôpitaux et nos services de réanimation au point de laisser des patients gésir par terre devant les services d’urgences, la Commission s’est trouvée dans l’obligation de se manifester et de ne plus se laisser marcher sur les doigts, d’autant que plusieurs de ses membres, ulcérés par la nonchalance du gouvernement, ont décidé de présenter leur démission, comme l’a révélé Bassem Trifi, l’avocat et vice-président de la Ligue tunisienne pour la défense des droits de l’​Homme (LTDH),  si le gouvernement continue à les ignorer alors que la situation épidémiologique dans le pays s’est dangereusement détériorée.

Non au sacrifice humain

C’est la raison pour laquelle le gouvernement s’est trouvé dans l’obligation de prendre en considération les nouvelles recommandations de la Commission scientifique. Certes, la proposition majeure, celle d’imposer un confinement général de deux ou trois semaines dans toutes les régions du pays n’a pas été adoptée, mais si jamais cette situation critique va persister, il n’y aurait plus d’autres alternatives à ce confinement, fui comme la peste par un gouvernement qui préfère sacrifier des centaines, voire des milliers de vies humaines que de faire un effort pour trouver de quoi financer une telle mesure.

Avec la quatrième vague qui est déjà à nos portes, Mechichi et les siens se doivent d’assumer entièrement leurs responsabilités en tant que gouvernants appelés à veiller sur la santé des citoyens et à mettre tous les moyens de l’Etat au service de cette noble cause.

K.Z.