Par : Kamel Zaiem

Le pays vit à l’heure du 25 juillet et à quatre jours de l’échéance annoncée et citée dans la Constitution, les décisions et les nouvelles mesures vont sûrement se succéder à une cadence de plus en plus rapide.

En ces moments d’attente, puisque la nomination du futur chef du gouvernement tarde encore à venir, Kaïs Saïed semble avoir d’autres chats à fouetter et surtout d’autres priorités qui l’aideront à mieux tenir les rênes du pays et à aller au bout de ses intentions.

Et c’est le ministère de l’Intérieur qui accapare son attention beaucoup plus que le palais de La Kasbah.

En deux jours, le président de la République a quasiment limogé et mis de côté tous les hauts responsables du ministère. Désormais, on a affaire à une nouvelle classe de directeurs généraux et de hauts cadres qui auront à assumer la lourde tâche de débarrasser ce ministère régalien de ses liens avec certains partis politiques et lobbies qui commandaient tout de loin avec une mainmise totale sur tout le système.

La purge qui s’impose

C’est que Saïed, sur sa lancée du 25 juillet 2021, veut effectuer une véritable purge dans les départements et rouages vitaux de l’Etat, pour pouvoir baliser la route des prochaines réformes qu’il compte annoncer et engager.

Certes, ces changements annoncés ne vont sûrement pas plaire à certaines parties, surtout celles qui ont été pendant longtemps au pouvoir et qui risquent de voir voler en éclats toutes leurs « bonnes œuvres », en place depuis 2011. Nous évoquons, particulièrement Ennahdha qui a eu tout son temps pour transformer le ministère de l’Intérieur, comme celui de la Justice, en filiales de leur parti et de l’état-major installé à Montplaisir.

Et si Saïed veut réellement satisfaire les revendications de ses électeurs et de son peuple qui exigent de révéler toute la vérité sur les affaires et les dossiers brûlants liés aux assassinats politiques (Chokri Belaïd et Mohamed Brahmi en particulier), à l’aile secrète d’Ennahdha au sein du ministère de l’Intérieur avec ses chambres noires et aux chargés de mission qui veillaient sur la sécurité parallèle qui faisait tout marcher dans une totale discrétion, il faut entamer le travail de sape pour faciliter les futures manœuvres programmées.

Des visites qui dérangent

D’ailleurs, le président de la République en était conscient depuis longtemps et c’est la raison pour laquelle il a tenu tenacement à avoir l’œil sur tout ce qui se passe dans ce ministère d’extrême importance. A chaque occasion, il ne manquait pas d’effectuer des visites non programmées au ministère de l’Intérieur, au nez d’un Hichem Mechichi qui ne digérait pas la présence du Président dans son département (il dirigeait par intérim le ministère de l’Intérieur) sans le prévenir d’avance.

De même, Saïed a crânement veillé à mettre de ses côtés les forces de sécurité, au grand dam de la coalition au pouvoir qui dénonçait, à chaque fois, ces manœuvres présidentielles et estimait qu’elles ne font pas partie de ses prérogatives.

Pour une police républicaine

Aujourd’hui, le président de la République est déterminé à aller jusqu’au bout dans cette opération de « nettoyage » afin de s’assurer les meilleures chances pour l’instauration, enfin, d’une police républicaine, neutre et impartiale, comme le réclament tous les citoyens.

A priori, l’initiative présidentielle semble satisfaire la majorité des citoyens. La « libération » du ministère de l’Intérieur, longtemps mise sous le joug des partis politiques, constitue également un nouvel acquis de cette ère post-25 juillet et va permettre de lever le voile sur des vérités qui risquent de faire très mal à ceux qui ont imposé leur loi durant toute une décennie, allant jusqu’à tolérer des assassinats pour se débarrasser de leurs redoutables ennemis.

Une fois le ministère de l’Intérieur libéré et assaini, le processus républicain de Kaïs Saïed va pouvoir avancer avec plus d’assurance et de sécurité. Certes, la société civile se doit d’être toujours vigilante pour ne plus tolérer ce qui s’est passé durant ces dernières années, mais on peut dire qu’un pas très important vient d’être effectué pour mettre en place les fondements et les bases d’une troisième République qui plaît, à travers ses composantes et ses structures, aux véritables Tunisiens.

K.Z.