Plusieurs députés sont poursuivis par la justice, bien avant leur entrée au parlement où ils se sont drapés de l’immunité pour ne pas répondre aux convocations et échapper aux poursuites. D’autres ont profité de cette immunité pour commettre des crimes ou des délits sans encourir le risque d’être poursuivis.
Mais à l’annonce, par le président de la République Kais Saied, dans la soirée de dimanche 25 Juillet, de mesures exceptionnelles conformément à l’article 80 de la Constitution et dont notamment la levée de l’immunité parlementaire, le ciel est tombée sur la tête des fuyards devant la justice.
Au lendemain de la publication du décret relatif à l’immunité, deux députés ont été cueillis chez eux par les forces de l’ordre en exécution d’un mandat d’amener émis par le parquet. Il s’agit de Yassine Ayari qui a été condamné à deux mois de prison ferme pour outrage à l’institution militaire. Il a été emmené à la prison de la Mornaguia où il doit passer sa peine. De son côté, Fayçal Tebbini a été arrêté et déféré devant un juge d’instruction près le Tribunal de première instance de Jendouba pour outrage à magistrat. Après son audition, le juge a émis un mandat de dépôt à son encontre en attendant sa comparution devant le Tribunal.
D’autres députés, Zouahair Makhlouf et Mohamed Salah Letifi ont été assignés à résidence surveillée chez eux en attendant la suite qui leur sera réservée.
Ils se sont volatilisés dans la nature
Par contre, d’autres députés se sont volatilisés dans la nature et continuent de narguer la justice derrière leur clavier. Il s’agit notamment des députés d’al Karama sur qui pèsent plusieurs chefs d’accusation. Leur président Seifeddine Makhlouf, condamné à un an et 8 mois de prison pour outrage à magistrat, est, également, poursuivi avec quatre de ses complices, Abdelaltif Aloui, Nidhal Séoudi, Mehdi Zagrouba et Mohamed Affes, dans l’affaire de l’aéroport Tunis Carthage, le 16 Mars dernier. Ce dernier est également poursuivi avec Ayet Allah Hichri et Rached Khiari sur fond d’une plainte déposée contre eux par le ministère de l’éducation en février 2020.
Khiari, qui avait longtemps joui de la couverture de Rached Ghannouchi, continue de se cacher, refusant de répondre à la convocation de la justice militaire. D’ailleurs, le parquet près le Tribunal de Tunis a ouvert en octobre 2020, une enquête contre lui pour apologie du terrorisme, à la suite de la décapitation d’un enseignant français. L’enquête demeurée sans suite.
Le député de Gafsa Lotfi Ali, soupçonné d’être impliqué dans l’affaire de phosphate, ne s’est pas présenté avec les co-accusés devant le parquet et un mandat d’amener a été amis à son encontre.
La justice à deux vitesses qui a longtemps prévalu au cours des dernières années, ne doit pas perdurer. Nul n’est au dessus de la loi devant laquelle tous les citoyens sont égaux. Il faut en finir avec l’impunité des coupables quel que soit leur rang.
La justice n’est-elle pas l’un des piliers de la démocratie ?