La scène politique nationale connait de grands bouleversements depuis plus de deux mois, suite à la proclamation de l’état d’urgence par le président de la République, le 25 Juillet dernier. Avec la nomination de Najla Bouden en tant que cheffe de gouvernement, certains ont exprimé leur fierté d’avoir une femme occupant ce poste et le 29 septembre a représenté pour eux une date sans précédent dans l’histoire de la Tunisie. Alors que d’autres attendent avec impatience la stratégie de Bouden pour surmonter les défis sociaux et économiques.
« Une politique se juge par ses résultats », a dit Charles Maurras. Ainsi, la politique de la nouvelle cheffe du gouvernement va être jugée selon le changement et les réformes qu’elle va engager sur les plans économique et social.
Les trois principaux défis
Dans une déclaration accordée à « JDD Tunisie », l’expert économique Ezzedine Saidane a expliqué: » On peut regrouper les défis en trois catégories principaux. La première catégorie concerne le défi financier plutôt que le défi économique. En effet, la valeur des dépenses de l’état est égale à 16 milliards de dinars dont 7 milliards déjà disponibles dans les caisses de l’Etat. Le gouvernement est amené à trouver une solution pour avoir les 8 ou 9 milliards qui manquent. Il faut remarquer dans ce cas, que les 16 milliards se répartissent comme suit: 5.1 milliards pour les salaires, 7.5 milliards pour le service de dettes (internes et externes) et le reste est lié aux dettes de compensation. »
Il a ajouté: « La deuxième catégorie concerne la loi des finances. Précisions que normalement le projet de loi des finances devait être prêt depuis Juillet. On est au début du mois d’octobre et on n’a pas encore de projet de loi des finances pour l’année 2022. Quant à la troisième et dernière catégorie, elle concerne les discussions et les négociations avec le FMI qui demeure un passage obligatoire pour la loi des finances 2022. »
Surmonter la crise politique, d’abord
De sa part, le secrétaire général adjoint de l’Union générale tunisienne du travail, UGTT, Mohamed Ali Boughdiri, a indiqué qu’: »avant de parler des défis sociaux, il faut noter que surmonter les défis politiques permet d’affronter les défis économiques et les problèmes sociaux ».
Les défis sociaux concernent : les chômeurs, l’abandon scolaire, la marginalisation, les ouvriers de chantiers et les handicapés.
En effet, le taux de chômage a dépassé les 17% au niveau national, et frappe de plein fouet les jeunes (40,8%). Ajoutons à cela, l’application de la loi 38 promulguée en Août 2020 et qui présente l’un des dossiers les plus brûlants à prendre en considération par la nouvelle cheffe de gouvernement. »
Dans ce contexte, notons que la loi n° 2020-38 du 13 août 2020, portant les dispositions dérogatoires pour le recrutement dans le secteur public énonce dans son sixième article que « L’exécution de la présente loi sera complétée dans une période n’excédant pas quatre ans. Elle entre en vigueur à compter de son adoption, sa promulgation et sa publication au Journal officiel de la République tunisienne. La présente loi sera publiée au Journal officiel de la République tunisienne et exécutée comme loi de l’Etat.«
Notre interlocuteur a ajouté: » Pour les handicapés, sincèrement, ils vivent dans des conditions difficiles. Nous avons 360 associations et 30.000 handicapés qui sont en besoin et méritent beaucoup plus d’attention de la part des autorités.
Pour la position de l’UGTT, nous tendons la main vers la cheffe du gouvernement. Nous sommes fiers de cette nomination puisque nous visons l’égalité totale entre les deux sexes. Nous allons attendre la formation du nouveau gouvernement puis on va présenter nos revendications et les discuter avec la nouvelle cheffe du gouvernement. »