La visite d’une délégation du Congrès américain à Tunis, les 4 et 5 septembre courant a suscité des réactions hostiles de la part de la société civile et de certains partis politiques qui ont refusé l’invitation de l’ambassade américaine pour participer à une rencontre avec cette délégation.

Ainsi, l’Union générale tunisienne du travail (UGTT) en la personne de son secrétaire général adjoint Sami Tahri, a dit rejeter cette invitation. « Les problèmes internes se résolvent uniquement entre Tunisiens », a-t-il écrit sur sa page Facebook.
La centrale syndicale ne prendra part à la rencontre prévue la délégation américaine, a-t-il assuré.

A son tour, le secrétaire général de la centrale syndicale Noureddine Tabboubi a déclaré ce matin que  » celui qui veut nous rencontrer, notre adresse est connue. Nous n’allons jamais dans les ambassades ».

De son côté, le mouvement Echaâb a indiqué avoir reçu une invitation, au nom de la députée Leila Haddad, pour participer à la rencontre. Le parti a décliné l’invitation, réaffirmant sa position de principe sur la nécessité de protéger la souveraineté nationale et de s’opposer à toute tentative d’ingérence étrangère, lit-on, vendredi, dans une déclaration publiée par cette formation politique.


Le Parti destourien libre (PDL) a, également, affirmé avoir rejeté cette invitation, rappelant, dans ce sens, son appel à écarter l’organisation « National Democratic Institute (NDI) » (une institution américaine qui œuvre à promouvoir la démocratie dans le monde) du parlement. Dans une déclaration, publiée vendredi, le PDL a insisté sur l’impératif de préserver la souveraineté nationale.


Il en est de même pour le parti « Alliance pour la Tunisie » qui a, dans une déclaration, dénoncé tout appel à l’ingérence étrangère dans les affaires internes de la Tunisie, estimant qu’il s’agit « d’une haute trahison ».

Un psychiatre parmi la délégation américaine

Dans ce contexte, notre confrère Mohamed Yousfi a lancé, hier, « une bombe » sur les ondes de Mosaïque FM, affirmant détenir une information selon laquelle la délégation américaine qui avait rencontré, le 13 Août dernier, le président de la république Kais Saied comprenait un psychiatre, présenté en tant que diplomate. Il a expliqué que « les parties américaines voulaient tester les capacités mentales du président de la République. »

Aussitôt après l’ambassadeur américain à Tunis, Donald Blome a rencontré le ministre des Affaires étrangères, de la Migration et des Tunisiens à l’étranger Othman Jerandi, pour préparer la visite de la délégation du Congrès américain. Selon un communiqué du département des Affaires étrangères, Jerandi a fait part, à cette occasion, de la volonté de la Tunisie de consolider la coopération avec les Etats-Unis, tant au niveau bilatéral que multilatéral, et à donner un nouvel élan au partenariat stratégique unissant les deux pays.

De son côté, le diplomates américain a exprimé la volonté de son pays de poursuivre la coordination et la concertation avec la direction tunisienne sur l’ensemble des questions d’intérêt commun.


Il a également mis l’accent sur la disposition des Etats-Unis à continuer à soutenir la Tunisie à tous les niveaux, en vue de parachever la construction démocratique et relancer le développement économique.

Réagissant à cette « bombe », l’ambassade américaine a dans, un tweet, précisé que  « la délégation officielle qui a rencontré le président de la République, Kaïs Saïed, le 13 août dernier, se composait de hauts responsables américains de la Maison Blanche et du ministère des Affaires étrangères US », tout en réaffirmant « son respect pour les relations étroites entre les deux pays ». Point de psychiatre, donc, parmi la forte délégation de six membres.

Cette délégation américaine de haut niveau était conduite par le conseiller adjoint américain à la sécurité nationale John Viner et comprenait, entre autres, le sous-secrétaire d’état américain pour les affaires du Moyen-Orient, Joey Hood. Selon un communiqué de la Maison blanche, Viner avait remis une lettre écrite du président Jeo Biden à son homologue Kais Saied, appelant à « un retour rapide sur la voie de la démocratie parlementaire en Tunisie ». Il « a également discuté avec le président Saïed de la nécessité urgente de nommer un chef de gouvernement, pour former un gouvernement capable de faire face aux crises économiques et sanitaires urgentes auxquelles la Tunisie est confrontée ».

Autre conséquence de la déclaration de Mohamed Yousfi, de fortes pressions auraient été exercées sur la direction de la radio pour présenter des excuses. Sans résultat. Toutefois, la chaine a supprimé la séquence vidéo devenue virale.

Méthodes peu orthodoxes

L’espionnage américain des dirigeants du monde est connu et il revêt plusieurs formes. Pour rappel, en 2013, un scandale a ébranlé les relations entre Washington et ses partenaires européens, notamment. Selon le journal britannique, The Guardien, quelque 35 chefs d’Etats, dont Angela Merkel et François Hollande, soit en tout 200 numéros de téléphone, ont été espionnés par les services secrets américains, d’après des informations tirées des documents exfiltrés par l’ex consultant de la NSA, Edward Snowden.

En mai dernier, un autre scandale a été révélé par des médias européens. « Les Etats-Unis ont espionné des responsables politiques en Europe, dont la chancelière allemande Angela Merkel, de 2012 à 2014 avec l’aide des services de renseignement danois ».

Ils utilisent, également, d’autres moyens, peu orthodoxes, pour bien comprendre la psychologie de leurs adversaires. Ils l’auraient fait notamment avec des dirigeants arabes, Hafedh Assad, Saddam Hussein et Moammer Kadhafi. Et ils ne s’en cachent pas.

Le refus des pressions américaines s’exprime, également, à travers les réseaux sociaux où les Tunisiens ont dénoncé toute forme d’ingérences dans les affaires intérieures du pays, d’où qu’elles viennent.