Tunisie : des peines allant jusqu’à 66 ans de prison dans l’affaire du « complot contre la sûreté de l’État »

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Vue générale du Palais de Justice de Tunis, Tunisie, mercredi 8 juin 2022. Des avocats et des juges tunisiens ont organisé une petite manifestation devant les tribunaux de la capitale mercredi, dans le cadre de leur grève d'une semaine suite à la révocation de 57 juges par le président.
A general view of the Palace of Justice in Tunis, Tunisia, Wednesday, June 8, 2022. Tunisian lawyers and judges held a small protest outside the capital’s courts Wednesday as part of their weeklong strike following the president’s dismissal of 57 judges. (AP Photo/Hassene Dridi)

Tunis, le 19 avril 2025

Dans une décision judiciaire retentissante, la chambre criminelle spécialisée dans les affaires de terrorisme a prononcé ce samedi des peines allant jusqu’à 66 ans de prison dans le dossier dit du « complot contre la sûreté intérieure et extérieure de l’État ». Ces verdicts, rendus à huis clos et en l’absence de nombreux accusés, ont immédiatement suscité une vive polémique sur la transparence de la procédure.

Des condamnations record dans une affaire hautement politique

Parmi les peines les plus lourdes :

  • Kamel Ltaief, 66 ans de prison
  • Khaiem Turki, 48 ans de prison
  • Noureddine Bhiri, 43 ans de prison

La justice a également condamné par contumace 33 personnalités en fuite à 33 ans de prison chacune, dont :

  • Bochra Belhaj Hmida, figure emblématique des droits des femmes
  • Jawhar Ben Mbarek, opposant politique
  • Bernard-Henri Lévy, activiste français
  • Ali Hlaoui, Hamza Meddeb, Mongi Louedi et d’autres

D’autres sentences ont frappé des personnalités diverses :

  • Ghazi Chaouachi, Issam Chebbi : 18 ans
  • Ridha Charfeddine (ex-président de l’Étoile du Sahel) : 16 ans
  • Karim Galleli : 25 ans
  • Hattab Ben Salama : 4 ans

Une procédure controversée

Les chefs d’accusation – « complot terroriste », « atteinte à la sécurité alimentaire », « incitation à la violence » – restent entourés d’un flou juridique inquiétant. L’absence de publicité des débats et le rejet systématique des demandes de libération provisoire ont été dénoncés par :

  • Le collectif des avocats de la défense
  • La Ligue tunisienne des droits de l’homme
  • HRW et Amnesty International

« Nos clients n’ont jamais eu accès à l’intégralité des preuves. C’est une parodie de justice », a déclaré Me Salwa Torchani, l’une des avocates de la défense.

Contexte : une Tunisie sous tension

Ces verdicts interviennent dans un climat politique explosif où :
✔️ Le pouvoir accuse « un réseau international » de déstabilisation
✔️ L’opposition dénonce « une chasse aux sorcières »
✔️ L’UE exprime « de sérieuses réserves » sur le respect des droits humains

Le paradoxe tunisien : comment un pays prix Nobel de la paix en 2015 en arrive-t-il à condamner des journalistes, des avocats et des opposants à des peines dignes de crimes contre l’humanité ?

Et maintenant ?

Les condamnés ont 10 jours pour faire appel. La communauté internationale, particulièrement la France et les États-Unis, surveille de près cette affaire qui pourrait remettre en cause les relations diplomatiques avec Tunis.

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