Tunis, 23 décembre — L’Union générale tunisienne du travail (UGTT) est entrée dans une phase de crise aiguë suite à la démission de son secrétaire général, Noureddine Taboubi, déposée au bureau de contrôle de l’organisation ce mardi 23 décembre. Cette décision laisse vacante la direction de la principale centrale syndicale du pays et jette une incertitude immédiate sur la tenue de la grève générale nationale prévue pour le 21 janvier 2026.
Selon les informations confirmées par des membres du bureau exécutif, le poste de secrétaire général ne fera l’objet d’un remplacement immédiat ni en raison de l’impossibilité de le faire, ni parce que tous les membres du bureau exécutif ne sont pas prêts à assumer la responsabilité du secrétariat général. La procédure statutaire exige que le dossier soit soumis à la commission administrative nationale, laquelle sera dans l’obligation de convoquer un congrès électoral pour procéder au renouvellement de l’ensemble des membres du bureau exécutif.
Pressions internes et report du congrès
La démission de Noureddine Taboubi exerce une pression directe sur les membres du bureau exécutif. L’objectif de cette manœuvre, selon des sources internes, serait de les contraindre à acter la tenue d’un congrès en mars 2026.
Cette crise de leadership survient dans un contexte de fortes tensions au sein de la centrale syndicale. Elle risque d’affecter sévèrement la mobilisation pour la grève générale du 21 janvier 2026, initialement appelée pour protester contre la suspension du dialogue social par le gouvernement. Les divisions internes, les problèmes de relation avec le pouvoir et les pressions externes multiples créent un climat inapproprié à l’unité d’action nécessaire pour un tel mouvement.
Une guerre de leadership ouverte
La crise actuelle est l’aboutissement de mois de tensions internes autour de la date de tenue du prochain congrès. Une faction importante, menée par le secrétaire général adjoint Anouar Ben Gueddour et soutenue par plusieurs fédérations, exigeait depuis un certain temps la convocation du congrès pour le premier semestre 2025. Elle s’opposait ainsi à Noureddine Taboubi, qui, bénéficiant d’une modification statutaire de juillet 2021 lui permettant un troisième mandat, envisageait de le repousser jusqu’en 2027.
Le scénario d’un congrès en mars 2026 apparaît donc comme une proposition de compromis. Le bureau exécutif a d’ailleurs acté, lors d’une réunion tenue le 4 décembre, que le congrès se tiendrait les 25, 26 et 27 mars 2026 à Tunis.
La situation est d’autant plus tendue que l’Union régionale du travail de Sfax, bastion historique de l’UGTT, a officiellement demandé le gel de Noureddine Taboubi pour « violation de la charte syndicale » et « atteinte à l’unité de l’organisation », l’accusant de gérer la centrale syndicale de manière « individuelle et unilatérale ».
Une grève générale instrumentalisée
Dans ce climat, la grève générale du 21 janvier a changé de nature. Elle est devenue un levier de pression interne dans la guerre de leadership. Le camp Ben Gueddour avait en effet conditionné son soutien à la grève à la fixation d’une date précise et proche pour le congrès.
Alors que l’UGTT traverse l’une des crises internes les plus graves de son histoire récente, la démission de son secrétaire général ouvre une période d’incertitude profonde. Les prochains jours devraient être déterminants pour l’avenir de la centrale syndicale, entre la tenue de la grève générale et la préparation d’un congrès qui s’annonce déjà très disputé.







