L’affaire des phosphates de Gafsa suscite, depuis des années, des réactions à la chaine. Le président Kais Saïed s’en est pris plusieurs fois à ceux qui bloquent la production de phosphate, pointant du doigt le député qui se drape de son immunité parlementaire pour entraver le transport de ce produit. Il a, par la même occasion, assuré qu’il s’attaquera avec force à ces pratiques douteuses.

Dans ce contexte, le porte-parole du pôle judiciaire et financier Mohsen Daly a annoncé , dans une déclaration à l’agence Tunis Afrique Presse (TAP), ce jeudi 12 aout, 14 responsables ont été placés en garde à vue et que deux trois personnes sont recherchées.

70 millions de dinars de perte

Pour avoir plus de détails sur cette affaire, « JDD Tunisie » a contacté le président de l’Observatoire « Raqabah« , Imed Daimi, qui a avait déposé une plainte concernant ce dossier il y a un an.

Daimi a indiqué, également, que l’affaire concerne l’extraction et le transfert de 600 000 tonnes de phosphate de la mine de Meknassi à Sidi Bouzid entre 2013 et 2019 par le biais d’opérations suspectes, notant que ce dossier fait partie des quatre dossiers liés à la corruption dans le secteur des phosphates.

Daimi a expliqué que plusieurs soupçons étaient liés à l’accord en ce qui concerne le processus de tri et de sélection des gagnants, et qu’après l’expiration de la période contractuelle entre les entreprises et le ministère de l’Industrie, la période d’exploitation a été prolongée sans recourir à de nouveaux contrats conformes aux exigences du décret relatif aux marchés publics. Ce qui a causé une perte sèche à la société de 70 millions de dinars.

Au contraire, les deux parties ont eu recours à la préparation de six annexes en raison de pressions exercées par des syndicats, il a estimé qu’il s’agissait d’un « système corrompu ».

D’un point de vue économique, l’économiste Ridha Chkondali a expliqué à « JDD Tunisie » que le phosphate permet d’obtenir au moins un milliard de dinars chaque année. L’interruption de la production de phosphate a entraîné de lourdes pertes, ce qui est considéré comme un crime contre le peuple tunisien, qui l’a privé de ressources financières consacrées aux infrastructures et à la création d’emplois dans la zone du bassin minier. »

Cette affaire risque de connaitre beaucoup de rebondissements eu égard aux qualités des personnes impliquées et de la connexion d’autres au cours des dernières années.