Abir Moussi chez Noureddine Tabboubi, une première très attendue et  un événement qui ne peut passer sans commentaire, étant donné les frictions entre les deux parties en raison, notamment des déclarations de la présidente du Pdl contre le secrétaire général de la centrale syndicale, jugée un peu trop vindicatives. Moussi n’a pas, en effet, fait dans la dentelle en réagissant aux déclarations de Noureddine Taboubi qui a exclu la coalition Al Karama et le PDL de son initiative pour le dialogue national, mettant ainsi le parti destourien dans le même sac avec ce que l’UGTT qualifie de coalition du « takfir ».

Elle a souvent accusé l’UGTT et son secrétaire général de soutenir le mouvement Ennahdha et de lui tendre la perche à chaque fois qu’il traverse une crise et passe par de mauvais moments. Tant de fois, elle rappelle les rapports tissés depuis la période de la colonisation entre le Parti destourien dirigé par Habib Bourguiba dont elle s’autoproclame l’héritière, et l’UGTT de Farhat Hached, avec comme toile de fond, le front national formé entre les deux forces du moment avec deux autres organisations nationales, celles du patronat et des agriculteurs, lors des élections de la première Constituante en mars 1956.

Elle en voulait même à Samir Cheffi, l’adjoint Noureddine Tabboubi, réputé proche du mouvement Achaab de s’être déplacé en personne le 9 décembre 2020 au siège de l’ARP, pour pour exprimer le soutien de la centrale syndicale au groupe démocrate qui avait entamé un sit-in pour dénoncer les agressions dont ont été victimes certains de ses députés de la part des élus d’al Karama. Alors que le sien a passé plusieurs jours à l’intérieur de l’enceinte parlementaire sans qu’aucun dirigeant de la centrale syndicale ne daigne se rendre sur les lieux pour lui apporter son soutien.    

Nonobstant ses reproches et ses critiques à l’égard de l’UGTT, cette dernière a élevé la voix par deux fois pour dénoncer l’agression dont a été victime la présidente du PDL au sein de l’ARP. La première fois, le 28 Janvier 2021, la centrale syndicale a condamné l’agression perpétrée par le président du bloc de la coalition al Karama Seifeddine Makhlouf contre la présidente du Parti Destourien Libre (PDL) Abir Moussi « devant le silence et la complicité de la présidence de l’Assemblée des Représentants du Peuple (ARP).

Quand l’UGTT dénonçait les agressions contre Abir Moussi

La deuxième fois, le 1er Juillet dernier suite à sa double agression par les députés Sahbi Smara et Seifedeine Makhlouf en pleine plénière et devant les yeux de la vice-présidente de l’ARP Samira Chaouachi.

Mais depuis, le PDL a changé de tactique et de stratégie. D’ailleurs, il est l’un des rares partis politiques à avoir résisté à « l’ouragan du 25 Juillet ». Il a organisé son congrès à distance, le 13 Août dernier qui a reconduit à sa tête Abir Moussi. Contrairement à d’autres députés qui continuent de fuir la justice, elle a répondu avec des membres de son groupe à la convocation de la garde nationale pour être entendus le 24 août 2021, à propos de deux plaintes déposées contre elle par le président du parlement Rached Ghannouchi.

Avec le Président, si…

Devant l’incertitude de la démarche du président de la République quant à son agenda et qui prend tout son temps pour annoncer sa feuille de route pour la prochaine étape et lever le voile sur ses intentions, la plupart des partis politiques ont trouvé dans l’UGTT, la seule force susceptible autour de laquelle ils peuvent se rassembler pour infléchir la position du chef de l’Etat et peser sur le processus. Elle a dévoilé, hier, un projet de feuille de route pour la prochaine étape et de rétablir le fonctionnement normal des institutions. Et c’est ce qu’a compris Abir Moussi et son parti en sollicitant une rencontre avec Noureddine Tabboubi.

Après sa rencontre avec le secrétaire général de l’UGTT, elle a déclaré qu’en « temps de crise et quand l’Etat se trouve en danger, seul l’intérêt supérieur de la nation doit primer ». Elle a expliqué que son groupe parlementaire s’est rendu, à sa demande, chez le secrétaire général de l’UGTT pour lui remettre une initiative qui pourrait faciliter une sortie de crise. Son parti se dit prêt à accorder les signatures des membres de son groupe parlementaire, à la présidence de la République pour lui faciliter la dissolution, par le biais d’un mécanisme constitutionnel, du parlement dont les activités sont gelées depuis le 25 juillet dernier et l’organisation d’élections législatives anticipées.

Tout en regrettant les déclarations du conseiller à la présidence Walid Hajjem concernant « une possible orientation vers la suspension de la constitution et l’institution d’un régime d’organisation provisoire des pouvoirs », elle a appelé le chef de l’Etat « à l’ouverture et au dialogue avec les députés qui appartiennent aux forces progressistes, en les associant à la réalisation des revendications des Tunisiens, dans le respect de la Constitution. »

B.O