Par : Kamel Zaiem
Au moment où le rideau tombe sur les J.O. de Tokyo, finalement réussis malgré les risques de la pandémie, l’heure est à présent aux bilans.
Paradoxalement, les Tunisiens peuvent être à la fois satisfaits et déçus du bilan final de la participation tunisienne à ces Jeux.
L’effet de surprise
C’est que le bilan est, cette fois-ci, doré avec une très précieuse médaille d’or obtenue par Ahmed Ayoub Hafnaoui. L’or n’était pas au rendez-vous aux Jeux de Rio en 2016, mais pour Tokyo 2021, l’ambition était grande pour rentrer avec une meilleure moisson.
Les débuts étaient plus que réussis. Même les plus optimistes n’espéraient pas de voir la Tunisie obtenir deux médailles, une en or et une autre en bronze, dès les deux premiers jours de ces joutes. Khalil Jendoubi, un jeune champion (19 ans) en taekwondo (-58 kg), avait de l’ambition, mais il en est à sa première participation aux JO. La médaille d’argent qu’il a méritoirement arrachée a constitué la belle surprise de ces débuts des Jeux, mais le meilleur est à venir. Le lendemain, exactement le 25 juillet, au moment où les Tunisiens fêtaient à leur façon la fête de la République qui a abouti à une nouvelle ère, c’est un autre jeune champion, Ayoub Hafnaoui (18 ans) qui a émergé à la grande surprise des meilleurs spécialistes de la natation. Ayoub s’était qualifié en finale des 400m nage libre avec le huitième chrono, ce qui l’a obligé à nager dans le couloir huit qui n’est pas favorable aux grosses performances. Les yeux étaient orientés vers le duel Australie-USA, les habituels patrons de cette catégorie, et c’est finalement un Tunisien, invité inattendu de cette finale, qui s’impose avec brio, causant la première grande sensation de ces Jeux.
Des espoirs évaporés
Du coup, avec un bilan de deux médailles (or et argent) en deux jours, l’espoir de réaliser un bilan historique a effleuré tous les esprits d’autant plus que nos véritables atouts pour ces JO de Tokyo n’étaient pas encore entrés en lice.
Or, ce qui devait être un stimulant pour aller encore plus loin a curieusement refroidi les ardeurs de nos champions qui n’ont pas pu s’exprimer pleinement et confirmer le bien qu’on pensait d’eux.
Nous pensons particulièrement à Inès Boubakri (escrime) et Marwa Amri (lutte), les deux championnes qui avaient remporté la médaille de bronze aux JO de 2016 à Rio et qui figuraient parmi les favorites pour monter sur le podium. Malheureusement, les deux représentantes tunisiennes ont vu leur participation se limiter aux premiers tours avec des défaites assez surprenantes qui les ont même privées de disputer les combats de repêchage.
Lutte : le naufrage
La débâcle de Marwa Amri est d’ailleurs venue confirmer la panne sèche qui a touché la forte délégation de ce sport (10 lutteurs et lutteuses) tous balayés dès les premiers tours. En lutte gréco-romaine, Slimane Nasr (67 kg) a quitté le tournoi olympique au stade des huitièmes de finale après avoir perdu devant Aker Al Obeidi, représentant de l’équipe olympique des réfugiés (0-8). Nasr a vu ses espoirs de disputer les repêchages s’évaporer après la défaite d’Al Obeidi. Enfin, Lamjed Maafi (77 kg) a échoué au repêchage pour la médaille de bronze.
De même, le triple champion d’Afrique, l’haltérophile Aymen Bacha, n’a pas vu les tours avancés menant vers le podium. Après avoir terminé premier du groupe B dans le concours des 109 kg, soulevant un total de 388kg, 177 kg à l’arraché, battant ainsi son record personnel, et 211 kg à l’épaulé-jeté, il a dû attendre les résultats du groupe A pour savoir s’il était médaillable au pas. Sauf que les haltérophiles du groupe A étaient plus performants que lui. Aymen Bacha a clôturé le tournoi olympique à la neuvième place. Un classement honorable mais insuffisant pour réaliser le rêve d’un sportif qui a tout fait pour être sacré champion olympique ou, du moins, glaner une médaille.
Autre déception, la sélection tunisienne de volleyball n’a fait que de la figuration. Certes, les Tunisiens avaient affaire à des adversaires très forts, mais le fait que l’équipe n’a remporté qu’un seul set, difficilement remporté face aux Américains, confirme la fragilité mentale d’un ensemble qui coule dès la perte d’un seul set pour ne plus relever la tête.
Adieu Tokyo, bonjour Paris
Pour les autres sports, les Tunisiens ont été là pour apprendre et se frotter aux meilleurs, mais leur bilan est jugé très insuffisant avec des performances inférieures à leurs propres potentialités.
La page de Tokyo est à présent tournée et les préparatifs des JO 2024 de Paris débutent aujourd’hui. Le CNOT et nos diverses fédérations sportives se doivent de se mettre au travail dès maintenant pour faire encore mieux, surtout pour les deux médaillés de Tokyo et les jeunes espoirs qui promettent beaucoup et qui espèrent bénéficier d’une plus grande sollicitude.