Home A la une La nouvelle ambassadrice à Washington et l’indispensable « lobbying »

La nouvelle ambassadrice à Washington et l’indispensable « lobbying »

Hanène Tajouri Bessassi a été mutée dans ses mêmes fonctions, d’ambassadrice de Tunisie auprès de la RFA à celle de chef de la mission diplomatique tunisienne auprès du gouvernement des Etats Unis d’Amérique. Cette promotion mérite d’être soulignée car il s’agit de la première femme nommée à Washington à un poste prestigieux qu’avait inauguré Mongi Slim qui l’avait cumulé avec celui de représentant permanent auprès de l’ONU à New York où il avait brillé de mille feux devenant le premier président africain de l’Assemblée générale de l’ONU. Nommé ministre des Affaires étrangères, il a laissé sa place à un autre illustre diplomate, Habib Bourguiba Jr qui fut un ami du président américain John Kennedy. D’autres grands diplomates se sont succédé à ce poste dont certains ont accédé au poste de ministre des Affaires étrangères. Parmi ceux-là on peut citer, outre les sus-nommés Habib Ben Yahia et Ismaïl Khelil.

L’ambassade de Tunisie n’est point un poste facile comme on peut l’imaginer. Elle a pour attributions, outre la gestion des relations bilatérales, diverses et variées, avec la plus grande puissance du monde, mais aussi la coopération avec les institutions issues des accords de Bretton Woods, à savoir la Banque Mondiale et le Fonds Monétaire International. Dans les conditions actuelles, il s’agit d’une tâche titanesque.

Sur le plan bilatéral, l’ambassadeur est accrédité auprès du président des Etats Unis d’Amérique donc de la Maison Blanche et du Département d’Etat, mais son travail le plus délicat est en rapport avec le Congrès américain, avec ses deux chambres, la Chambre des Représentants et le Sénat.

Capitale du lobbying par excellence, une activité qui a été inventée aux Etats Unis, Washington réclame des moyens à la mesure de cette fonction d’influence auprès des législateurs américains ainsi que des médias de ce grand pays qui ont une résonnance internationale.

On dit que Mme Hanène Tajouri Bessassi qui a exercé comme diplomate à Washington connait comme sa poche la scène américaine et qu’elle dispose d’un bon carnet d’adresses pour mener sa fonction. Mais il lui faut les moyens de son ambition. C’est d’ailleurs ce qui manque le plus pour les missions diplomatiques tunisiennes en raison des moyens modestes dont elles disposent.

Cette situation avait commandé par le passé la mise à la disposition de l’ambassade des moyens de l’Agence tunisienne de communication extérieure (ATCE) dont le représentant, Oussama Romdhani avait accédé au poste de chef de mission diplomatique adjoint à Washington après avoir été correspondant de l’agence nationale de presse TAP. De retour à Tunis, Romdhani avait été successivement Directeur général de l’ATCE et ministre de la Communication.

Le prédécesseur de Mme Tajouri Bessassi, Nejmeddine Lakhal a été démis de ses fonctions pour avoir laissé faire un lobbying hostile à la présidence tunisienne après les décisions du 25 juillet 2021. Mais le diplomate chevronné qu’il était n’a pas failli à sa mission. En revanche, à l’évidence il n’avait pas les moyens dont dispose le représentant du Mouvement Ennahdha à Washington Radwan Masmoudi qui a pu financer des articles de presse dans les plus grands médias américains.

Du reste des diplomates et non des moindres dont l’ex-ministre des Affaires étrangères Khemais Jhinaoui avaient plaidé à la mise en place d’une institution comparable à l’ATCE qui serait placée sous la tutelle du ministère des Affaires étrangères et aurait à gérer l’image de la Tunisie à l’extérieur avec les moyens financiers et humains adéquats.

Sans moyens adéquats pour mener sa mission, la nouvelle ambassadrice risque de ne pas faire long feu.

RBR

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