Est-ce le moment ? Est-ce une décision bien réfléchie ou plutôt bien calculée ? En tout cas, l’annonce du dernier remaniement du Gouvernement de Hichem Mechichi, n’a laissé personne indifférent. Les questions se bousculaient et aucune réponse n’est venue, jusqu’ici, assouvir les attentes.
Celui qu’on croyait imperméable à toutes les pressions et influences, d’où qu’elles viennent, s’est avéré, hélas, prisonnier d’une ceinture parlementaire, dont il ne peut se passer, au risque de voir le nouveau cabinet échouer au test du vote de confiance du 26 janvier 2021, à l’Assemblée des représentants du peuple.
Le rendement du gouvernement actuel est faible et ses décisions ne correspondent pas aux exigences d’une conjoncture complexe, où le social, l’économique et le sanitaire se mêlent pour en faire un cocktail détonnant.
C’est d’ailleurs ce qu’a laissé entendre Hichem Mechichi, en affirmant que le besoin d’harmonie gouvernementale appelait à ce remaniement, afin de poursuivre le travail avec dévouement dans la période à venir.
Et de dévouement, il en aura bien besoin, lui et toute son équipe au regard des défis considérables qui les attendent et des enjeux qu’ils seront appelés à composer avec.
Les défis sont multiples, à commencer par la crise économique et financière à laquelle se trouve confronté le pays et qui empêche toute croissance et tout décollage. Une crise à l’origine du déclenchement de manifestations populaires, un peu partout dans le pays qui ne risquent pas de s’apaiser de sitôt, à moins de trouver une issue à la mesure des revendications, qui de l’aveu même du chef du gouvernement, sont légitimes.
Il faut dire que la pandémie de la Covid-19 est venue brouiller toutes les cartes et contrecarrer tout projet ou objectif fixé. Mais est-ce vraiment la seule et unique raison à l’origine de tous les maux dont souffre le pays et qui empêche toute stabilité du paysage politique ?
C’est en amont que tout se joue, principalement. Au Parlement, où l’hémicycle vit une de ses crises historiques : des blocs se forment tandis que d’autres se désagrègent, l’allié d’aujourd’hui devient, du jour au lendemain, l’opposant redouté.
Et le dernier remaniement, n’a fait que creuser davantage le fossé, puisqu’au sein d’un même bloc, on peut trouver les pour et les contre, pour des raisons de sensibilités avec certains ministres proposés su lesquels pèsent des présomptions de corruption. Sans compter les éternels opposants, à l’instar du PDL et du Bloc démocratique. Une atmosphère loin d’être saine qui risque d’étouffer dans l’œuf un cabinet qui ambitionne de remporter, aisément, une majorité à même de lui permettre d’avoir les mains libres pour pouvoir agir et prendre les décisions qui s’imposent, pour sortir le pays de l’ornière.
Et même si Hichem Mechichi peut compter sur « l’alliance Ennahdha-Qalb Tounes », ce ne sera guère suffisant pour les jours et les mois à venir. Il y a des priorités qui ne souffrent pas les demi-mesures. La composition qui s’avancera devant les députés, mardi prochain, n’aura d’autre choix que de remporter la confiance d’une majorité absolue. Jusque-là, les tractations risquent fort d’être des plus serrées.