Le système scolaire tunisien vacille depuis des décennies. Plus de cent mille enfants subissent l’abandon scolaire chaque année. Plus d’un million d’entre eux ont ainsi rompu les amarres avec l’éducation au cours de la dernière décennie. Avec tous les effets pervers que cela entraîne. Les observateurs s’accordent pour souscrire qu’il est impérieux de revoir la copie.

Un constat amer

Entre débâcles politiques, crise sanitaire et succession de grèves du corps enseignant et administratif, l’élève tunisien fait face à un tourbillon de problèmes superposés. On escompte que les décideurs enterrent la hache de guerre et concoctent la réforme tant désirée du système scolaire. Autant dire en attendant Godot, les faits quotidiens révélant un attentisme et un laisser-aller catastrophiques en la matière. Le gouvernorat de Sousse a ainsi enregistré un taux d’absentéisme des élèves de 40% en mars dernier, un chiffre effarant, dû en partie à la frayeur de l’infection au Covid-19. Loin d’y remédier, les hauts responsables recourent à des artifices telle la suspension des cours, la fusion des trimestres et l’alternance des cours un jour sur deux, des mesures sévèrement décriées par les parents. Le ministère de l’Education, donnant la vague impression d’y parer au plus pressé, a lancé une chaîne télé éducative en vue d’endiguer la propagation du coronavirus. Mais c’est loin d’être une réforme substantielle fondée sur une large vision de l’avenir du système éducatif.

En définitive, l’élève tunisien n’aura étudié, au cours de l’actuelle année scolaire, que 86 jours, de l’aveu même des hauts responsables du ministère de l’Education.

Que faut-il faire ?

Pour le pédagogue Ahmed Essid, la réforme du système éducatif est une nécessité et le gouvernement ne devrait guère traîner pour l’accomplir.

“ Contrairement aux critères internationaux, le nombre des cours aux écoles primaires en Tunisie bat tous les records, signant 30h par semaine d’apprentissage théorique. Cela est inadmissible et ne laisse pas le temps aux enfants de développer leur potentiel” a-t-il déclaré.

“ Il faut par la même occasion, convertir certaines matières en activités extra-scolaires comme l’éducation civique sachant que la matière nécessite une jauge d’évaluation ( Coefficient, moyenne, etc..)” a-t-il enchaîné 

“ Sous l’égide de l’ex-ministre de l’Education, M. Neji Jalloul, on avait conçu des esquisses pour une éventuelle réforme du système éducatif mais ça s’est arrêté net suite à un remaniement ministériel. Il faut dire qu’on touche le fond en matière de classement évaluatif de notre système éducatif” fait-il remarquer.

Le modèle finnois 

Pour un pays comme la Finlande, le choix de réviser le système éducatif, en 2007 a été décisif, et applaudi comme tel par les grands évaluateurs telles les Nations Unies. 

En effet, l’école finlandaise favorise le travail collectif plutôt que la compétition et priorise le temps de jeu à celui de l’apprentissage théorique afin que les enfants puissent miser sur leur créativité et développer leur habileté physique. Une approche très pratique sachant que les finnois trônent toujours dans le classement du meilleur système éducatif au monde (PISA). Hormis, son louable investissement dans l’éducation, la Finlande n’adhère pas au concept des devoirs et ce afin de limiter toute forme de pression exercée sur l’élève. Ainsi, ce dernier dispose-t-il d’assez de temps à consacrer à ses centres d’intérêts, jugés vitaux pour son développement personnel. 

De plus, le gouvernement finnois tient à ce que les futurs enseignants soient validés par un test évaluant leur connaissance de la psychologie de l’enfant. Bref, le pays scandinave coche toutes les cases du formulaire et administre un sérieux exemple aux aspirants réformistes de l’éducation dans le monde.

Sous nos cieux, c’est tout à fait le contraire qui sévit. Aux risques et périls de générations entières de jeunes tunisiens, dont l’éducation est tronquée et bradée.