Par : Kamel Zaiem

A présent, les choses semblent plus claires qu’avant et c’est Kaïs Saïed lui-même qui le confirme. Lors de sa dernière sortie nocturne qui l’a mené dans son coin fétiche de l’avenue Habib Bourguiba, le président de la République a mis les pendules à l’heure en déclarant qu’il respecte la Constitution, mais qu’il y a toujours des moyens pour modifier quelques textes selon les aspirations du peuple.

Pour Saïed, les futures orientations se dessinent un peu plus et il semble évident qu’il ne va point geler la Constitution actuelle et qu’il compte s’appuyer sur certains articles pour se débarrasser d’autres.

Et si, du côté de Carthage, on mentionne la nécessité de prendre en considération la volonté du peuple, essentiellement les citoyens qui ont exprimé leur satisfaction et leur attachement à ce qui s’est passé le 25 juillet 2021, c’est toute la société civile, avec ses principales forces vives, qui en est concernée.

Une intéressante feuille de route

Et c’est dans ce contexte que l’UGTT suit l’actualité avec un grand intérêt et ne veut nullement se contenter d’un simple rôle de figurant.

Ainsi, la Centrale syndicale vient de communiquer toute une feuille de route qu’elle compte proposer au président de la République pour accélérer le rythme des réformes promises, notamment sur le plan politique.

Cette feuille de route, analysée par des observateurs et des experts politiques, est intéressante à plus d’un titre car  elle propose des solutions de sortie de cette crise politique (Constitution, élections législatives anticipées, nomination du nouveau chef du gouvernement et formation d’une nouvelle équipe gouvernementale…) et elle touche à quasiment tous les dossiers brûlants qui doivent être ouverts le plus tôt possible comme le transfert du rapport de la Cour des comptes sur les résultats des élections présidentielle et législatives de 2019 devant les autorités judiciaires compétentes et la mise en place les mécanismes adéquats pour concrétiser les décisions qui en émaneront.

L’heure des comptes

Cette feuille de route appelle également à prendre les mesures adéquates pour assainir le secteur de la justice et surtout évaluer les performances des instances constitutionnelles qui n’ont pas donné satisfaction, à l’image de l’Instance supérieure indépendante pour les élections, l’Instance de lutte contre la corruption et surtout l’Instance Vérité et Dignité.

L’UGTT, qui a déjà proposé l’organisation d’un Dialogue national il y a quelques mois, ne veut surtout pas assister passivement à tout ce qui se passe et ne veut faire de cadeaux à aucune des parties concernées par la crise politique actuelle qui doit prendre fin très vite et laisser la voie à des réformes positives qui contribueront à assurer la stabilité du pays, se débarrasser définitivement du chaos causé par ceux qui ont gouverné pendant la dernière décennie et permettre à la Tunisie d’engager le redressement espéré, surtout dans le domaine économique.

L’UGTT a communiqué le contenu de sa feuille de route sans mentionner si elle a été officiellement présentée au président de la République, ce qui prépare le terrain à des concertations positives pour trouver, dans les plus brefs délais, la vois du salut et surtout pour accompagner Kaïs Saïed et lui éviter d’éventuels dérapages.

Hamma Hammami ne semble pas retenir les leçons du passé

Des partis surpris et déstabilisés

Et si, du côté de la société civile, on ne croise pas les bras et on continue à pousser vers la mise en place des mesures nécessaires et susceptibles de tirer le pays vers l’avant, on ne peut que déplorer les réactions des partis politiques qui ne semblent plus savoir sur quel pied danser depuis le 25 juillet.

Ainsi, on a eu à suivre le bal d’Ennahdha, le grand perdant de cette nouvelle situation, qui tente de survivre et de limiter les dégâts de manière confuse dans un nouvel élan de fuite en avant.

Il en est de même pour la gauche, déjà en difficulté depuis les dernières législatives. La dernière apparition de Hamma Hammami dans un meeting organisé à Paris laisse perplexe. Celui qui a insisté pour gommer entièrement la Constitution de 1959 alors qu’il ne voyait pas venir les islamistes pour prendre le pouvoir, et celui qui a refusé de collaborer avec Nida Tounès en 2014 pour constituer une majorité au Parlement, permettant ainsi à Ennahdha de profiter de l’occasion et de recoller au pouvoir, se plait à présent à attaquer Kaïs Saïed à la manière d’Ennahdha, c’est-à-dire en évoquant un coup d’Etat militaire et un retour à la dictature.

Pour les autres partis politiques, à l’exception du PDL qui demeure fidèle à ses principes, bien qu’ils soient discutables, le désarroi semble les envahir et ils semblent camper dans une position d’attente qu’ils risquent de payer très cher lors des prochaines échéances électorales.

C’est dire que la suite des événements s’annonce décisive pour la survie de ces partis, surpris et désemparés par un 25 juillet qu’ils n’avaient pas vu venir et qui a totalement faussé leurs calculs et remis en question leurs intérêts.

K.Z.