Ce 8 février 2021, la Tunisie commémore le 63ème anniversaire du bombardement de Sakiet Sidi Youssef par l’armée française.
A cette occasion, le président de la République Kaïs Saïed a adressé une lettre de vœux à son homologue algérien, Abdelmajid Tebboune. Les deux pays commémorent chaque année le martyr de plus de 70 Tunisiens et Algériens, dont une douzaine d’élèves de l’école primaire, tous victimes des bombes de l’armée de l’air française le 8 février 1958.

Ce jour-là le sang des Tunisiens et des Algériens s’est mélangé marquant dans l’histoire le soutien de la Tunisie à la lutte algérienne pour l’indépendance.
Au delà de sa symbolique pour les deux peuples, quel était l’impact de ces bombardements dans la guerre d’indépendance algérienne et les relations franco-tunisiennes post-indépendance ?


L’internationalisation de la guerre d’indépendance algérienne
La position diplomatique et militaire de la France en Algérie et en Afrique du Nord connaît un « avant » et un « après »le bombardement du village de Sakiet Sidi Youssef. En effet, en réaction à cet acte hostile de l’armée française sur le territoire tunisien, le gouvernement du président Bourguiba a immédiatement rompu les relations diplomatiques avec la France et organisé une visite du village dévasté par la presse internationale.
L’image de la France et sa réputation ont été fortement ternies auprès des ses alliés et particulièrement les États-Unis. Le conflit qui a été jusque-là franco-algérien prend une dimension internationale après la plainte déposée par la Tunisie auprès de l’ONU. Le conseil de sécurité décide suite à cela de mettre en place une mission de bons offices.

L’évacuation de toutes les bases militaires françaises et le soutien d’Eisenhower à Bourguiba
Le bombardement du village de Sakiet Sidi Youssef a été suivi par l’expulsion de cinq consuls français opérant des les principales villes tunisiennes après la rupture des relations diplomatiques entre les deux pays.
Sur le plan diplomatique, l’envoyé de l’ONU, l’américain Robert Murphy a soutenu ouvertement la position du président Habib Bourguiba. Ce soutien se traduit par des pressions américaines exercées sur le gouvernement français de l’époque qui finit par être renversé le 15 avril 1958.
Le 17 juin, la Tunisie et la France signent un accord stipulant « l’évacuation de toutes les troupes françaises du territoire tunisien à l’exception de la Bizerte ».
Malgré son jeune âge, l’Etat tunisien a mobilisé l’opinion internationale en faveur des causes tunisienne et algérienne comme l’avait promis le président Bourguiba dans son discours donné le même jour « …Soyez persuadés, que cet événement aboutira, donnera un résultat important, c’est à dire, sera très utile à la Tunisie, à la cause algérienne et à celle de l’ensemble de l’Afrique du Nord ».