Cinq personnes sont mortes et plusieurs autres sont dans un état grave suite à une intoxication causée par de l’alcool frelaté a fait savoir, dimanche 7 février 2021, le directeur régional de la santé à Kasserine.
Ces décès rappellent l’intoxication à grande échelle ayant causé le décès de 9 personnes en juillet 2020 dans le gouvernorat de Kairouan. Suite à cette tragédie, les autorités avaient annoncé l’arrestation de plusieurs personnes impliquées dans la production et le commerce de l’alcool frelaté.
Le point commun entre les victimes dans le gouvernorat de Kairouan et ceux dans le gouvernorat de Kasserine est la précarité. En effet, les victimes vivaient dans des quartiers populaires où chômage et précarité ne cessent d’augmenter. Un autre fait, dans les deux cas le poison était proposé à la vente dans les commerces de proximité.
Mais comment peut-on consommer une substance aussi toxique alors qu’en Tunisie le commerce d’alcool n’est pas interdit ?
La réponse à cette question se trouve en partie dans la loi des finances de 2021. En effet, la taxation de la consommation de l’alcool a été augmentée passant de 18 à 24 millimes pour le centilitre de bière et de 1,8 à 2,4 dinars pour le litre de vin.
À cela on peut ajouter l’interdiction de la vente des boissons alcoolisées dans les commerces de proximité. En effet, l’achat de ces boissons nécessite souvent le déplacement dans les grandes surfaces ou dans des débit d’alcool lointains.
Ces deux facteurs expliquent en partie la consommation d’alcool frelaté par les personnes vivant dans les quartiers populaires et n’ayant pas les moyens d’acheter les boissons alcoolisées.
Face à cette situation, l’Etat se doit de mettre en place une campagne de sensibilisation contre la consommation de l’alcool frelaté et les boissons de contrebande tout en garantissant un meilleur accès à l’alcool pour les citoyens qui désirent en consommer.
Il s’agit là d’appliquer une politique de santé publique pour prévenir de telles tragédies. Dans le monde d’autres pays ont tenté de limiter la consommation d’alcool pour des considérations morales ce qui a augmenté le trafic d’alcool de contrefaçon. On peut citer l’exemple de l’Indonésie où la vente d’alcool avait été interdite dans les petits commerces en 2015 pour des raisons de santé publique et morales. Trois ans après en 2018, 140 personnes ont trouvé la mort après avoir bu un alcool de contrebande. Suite à cette affaire la police indonésienne a saisi un stock d’alcool contenait du répulsif anti-moustiques et un sirop contre la toux.