La figure de l’opposition tunisienne Abir Moussi a été condamnée vendredi à 12 ans de prison par un tribunal tunisien, selon son avocat. Cette décision intervient dans un contexte de répression croissante contre les opposants au président Kais Saied, dénoncée par les organisations de défense des droits humains comme une consolidation du pouvoir autoritaire en Tunisie.
Une condamnation qualifiée d’injuste
« La décision est injuste et ne constitue pas un jugement judiciaire mais un ordre politique », a déclaré à Reuters Nafaa Laribi, l’avocat d’Abir Moussi, réagissant au verdict prononcé vendredi par le tribunal.
Abir Moussi, présidente du Parti destourien libre, est emprisonnée depuis 2023, après son arrestation par la police à l’entrée du palais présidentiel. Elle était soupçonnée d’agression dans l’intention de provoquer le chaos, une accusation que ses partisans considèrent comme faisant partie d’une campagne de répression contre les politiciens d’opposition.
Le rejet des accusations
L’opposante a systématiquement rejeté ces charges, affirmant qu’elle exerçait simplement son droit à la critique et à l’opposition légale. Elle s’est engagée à continuer de résister à ce qu’elle qualifie d' »abus, de torture et de violence politique et morale ».
Abir Moussi fait partie des dizaines de personnalités politiques actuellement détenues en Tunisie, alors que les critiques s’intensifient concernant l’escalade de la répression menée par le président Saied contre ses détracteurs, incluant journalistes, activistes, organisations de la société civile et leaders de l’opposition.
Une vague de condamnations sévères
Le mois dernier, une cour d’appel a prononcé des peines de prison allant jusqu’à 45 ans contre des dizaines de leaders de l’opposition, de personnalités du monde des affaires et d’avocats, accusés de complot visant à renverser le président Saied.
Ces condamnations s’inscrivent dans une série de procès qui visent les opposants politiques, suscitant l’inquiétude des organisations internationales de défense des droits humains quant à l’indépendance de la justice tunisienne.
L’indépendance judiciaire remise en question
Les organisations de défense des droits humains et les opposants affirment que Kais Saied a détruit l’indépendance de la justice depuis qu’il a dissous le parlement élu en 2021. En 2022, il a dissous le Conseil supérieur de la magistrature et limogé des dizaines de juges, des mesures que les groupes d’opposition et les défenseurs des droits humains ont condamnées comme un coup d’État.
Ces réformes ont profondément transformé le paysage judiciaire tunisien, alimentant les accusations selon lesquelles les tribunaux sont désormais instrumentalisés à des fins politiques.
Le président Saied réfute les accusations
De son côté, le président Saied nie être devenu un dictateur ou utiliser l’appareil judiciaire contre ses opposants. Il justifie ses actions en affirmant qu’il nettoie la Tunisie des « traîtres », un discours qu’il maintient face aux critiques internationales et nationales.
Cette rhétorique alimente néanmoins les préoccupations concernant le rétrécissement de l’espace démocratique en Tunisie, pays considéré comme le seul succès du Printemps arabe de 2011.
Un climat politique tendu
La condamnation d’Abir Moussi intervient dans un contexte de tensions politiques et sociales croissantes en Tunisie. Le pays fait face à une crise économique profonde, tandis que les libertés civiles et politiques se réduisent progressivement depuis la prise de pouvoir de Kais Saied en 2021.
Cette situation suscite l’inquiétude de la communauté internationale et des organisations de défense des droits humains, qui appellent au respect de l’État de droit et des libertés fondamentales dans le pays.
Reuters







