Par : Kamel Zaiem
Malgré tout ce qui se passe en Tunisie, il s’agit, avant tout, d’une affaire intérieure que seuls les Tunisiens sont capables de résoudre…
Il est vrai que le climat politique en Tunisie tend de plus en plus vers la confusion…
Il est vrai que ce qui s’est passé un certain 25 juillet 2021 a quasiment tout bouleversé, à tous les niveaux, provoquant la surprise de ceux qui appelaient au changement et celle de ceux qui en sont la principale « victime »…
Il est vrai qu’en l’absence d’un programme clair d’action au niveau de la gouvernance, surtout dans les sphères politiques et économiques n’a fait qu’allonger cette période transitoire avec tous les risques qu’elle présente…
Il est vrai que l’annonce des mesures exceptionnelles qui permettent au président de la République de s’approprier tous les pouvoirs a de quoi inquiéter et gêner même si Saïed a toujours montré un profil conciliateur durant toutes ces dernières années. Car, qu’on le veuille ou pas, les mesures restrictives et les quelques procès et privations de liberté sans en révéler les causes ne sont point acceptables…
Il est vrai que le gouvernement a mis du temps pour être mis en place et que la cheffe de ce gouvernement, Najla Bouden, ne dispose pas d’une solide expérience politique…
Il est vrai que l’actuelle autorité ne semble pas presser les pas pour mettre au clair la loi de finances aussi bien pour 2021 que 2022 alors que les compteurs demeurent toujours au rouge…
Il est vrai que le Parlement est actuellement suspendu sans qu’on annonce, même à moyen terme, les dates de tenue d’élections anticipées pour assurer une plus grande visibilité politique…
Il est vrai que les dossiers majeurs et brûlants, notamment ceux des assassinats politiques, du rapport établi par la Cour des comptes à propos des dangereux débordements financiers aux dernières élections législatives, du réseau d’envoi des djihadistes en Syrie et d’autres faits de haute importance demeurent, jusqu’aujourd’hui, intouchables pour des raisons obscures que Saïed ne veut jamais aborder…
Il est vrai que le pouvoir de l’après-25 juillet est confronté à une rude opposition à l’étranger, fruit du boulot des réseaux et lobbies grassement payés qui maintiennent la pression sur Kaïs Saïed et tentent, avec plus ou moins de réussite, de le discréditer et de maintenir le parti islamiste dans la sphère politique sans avoir à rendre des comptes…
Ils l’attendent au tournant
Tout ceci témoigne de la confusion qui règne encore sur la scène politique et d’une certaine fébrilité de la part du clan de Kaïs Saïed qui n’arrive pas encore à passer la vitesse supérieure et à prendre réellement le taureau par les cornes.
Du coup, les détracteurs du président de la République, épargnés pour le moment, trouvent encore des ressources pour réagir et le mettre en difficulté, se permettant même d’aller chercher du secours auprès des forces étrangères, essentiellement celles qui ont imposé à la Tunisie et à d’autres pays ce maudit printemps arabe.
Aujourd’hui, ces mêmes pays tentent par tous les moyens de mettre la pression sur la Tunisie, conditionnant les aides financières et militaires par un « retour à la normale », comme si de rien n’était.
C’est dans ce cadre que s’inscrit le dernier communiqué de la mission diplomatique européenne en Tunisie, qui souligne « l’importance de l’établissement d’un calendrier bien défini pour le retour à un ordre constitutionnel en Tunisie basé sur la séparation des pouvoirs, le respect de l’état de droit et de la démocratie parlementaire, et la sauvegarde des libertés fondamentales » et préconise « un dialogue transparent et inclusif et tiendrait compte des volontés et aspirations du peuple tunisien ».
Plus royalistes que le roi
Eh oui, ces puissances étrangères ne daignent même pas respecter la volonté du peuple tunisien qui tient à se débarrasser de ses virus qui ont gouverné pendant une décennie pour faire régner le chaos et la corruption. A travers ce communiqué, elles ne font qu’imposer à la Tunisie un plan de secours qui ne sert que leurs propres intérêts et ceux des mafias qu’elles protègent et financent.
Les Américains, eux, parlent même de l’implication des militaires dans ce qui se passe sur l’échiquier politique, voulant faire croire que Saïed met également la main sur l’armée !
Les Tunisiens ont toujours respecté les autres pays et ont souvent évité de s’ingérer dans leurs affaires. Certes, quand il s’agit de puissances étrangères, l’équilibre des forces n’est plus assuré, mais les Européens et les Américains doivent se mettre, une fois pour toutes, que le peuple tunisien, qui a mis hors circuit un puissant dictateur et qui a su neutraliser un Parlement infecté par la corruption et la soumission aux « maîtres » étrangers n’acceptera jamais des conditions aussi humiliantes pour récolter quelques aides.
La bataille ne fait que commencer pour mettre en place un pouvoir « propre » et fidèle aux principes et aux valeurs qui font la force de ce pays et les menaces, aussi solennelles et spectaculaires ne le feront pas trembler ni faire marche-arrière.