Plusieurs organisations nationales, en premier desquelles l’UGTT, des députés et des partis politiques qui ont soutenu la démarche du chef de l’État, l’appellent à sortir de sa citadelle et à ouvrir des canaux de dialogue et de concertation sur ses projets pour leur donner plus de crédibilité et de force.

Au lendemain de l’annonce de l’état d’exception, le 25 Juillet dernier, conformément à l’article 80 de la Constitution, le président de la République Kais Saied a reçu des représentants des organisations nationales et de la société civile. Une initiative qui a été saluée en son temps comme étant une ouverture sur un large pan de la société tunisienne, toujours réceptive et agissante. Comme s’il voulait gagner à « son coup », des parties non encartées, connaissant son rejet de la classe politique.

Mais depuis, le chef de l’Etat s’est emmuré dans son « palais » à Carthage, se contentant de recevoir, de temps en temps, des personnalités choisies sur le volet, pour distiller des messages et lancer des pics à ses adversaires, aux « vendus » et aux «  corrompus » jurant de les traquer sans relâche.

Et ce n’est que le 20 Septembre que le président a prononcé un discours à Sidi Bouzid pour annoncer la poursuite de l’état d’exception et la publication sous peu d’un décret portant « organisation des pouvoirs publics ». Ce texte relatif aux mesures exceptionnelles, qui a été publié le 22 Septembre dernier, a permis à Saied d’accaparer tous les pouvoirs entre ses mains, en se présentant comme le seul décideur et le guide suprême du pays. Une semaine après, il a annoncé sa décision de charger une femme pour former le gouvernement tant attendu. Un véritable coup de maitre qu’aucun de ses prédécesseurs n’a osé faire. L’heureuse élue Najla Bouden Romdhane, une personnalité non encartée, bardée de diplômes, va s’atteler à la lourde tâche de sauver le pays de la dérive. Alors que le président devrait s’occuper de l’élaboration « des projets de révisions relatives aux réformes politiques avec l’assistance d’une commission dont l’organisation est fixée par décret présidentiel,» ( article 21 du décret 117 du 22 Septembre 2021). Sans toutefois, préciser s’il va élargir les consultations aux partis politiques, organisations de la société civile et aux personnalités indépendantes.

Toutefois c’est par un communiqué publié par l’Elysée qu’on apprend que le Président français Emmanuel Macron a évoqué, au cours d’un entretien téléphonique, samedi dernier, avec son homologue Kais Saied « le calendrier institutionnel attendu par la population tunisienne et la communauté internationale (et) a exprimé son attachement à la mise en place d’un dialogue, associant les différentes composantes de la population tunisienne, sur les réformes institutionnelles envisagées ». Mais aucune trace de ce dialogue dans le communiqué de Carthage

Pour le moment, on attend l’annonce de la formation du gouvernement Bouden et son programme pour la période à venir. On scrutera par la suite les gestes et les faits du président pour en savoir peu ou prou sur ses intentions et ses objectifs.

B.O