Le peuple tunisien fête le 10ème anniversaire du soulèvement d’un certain 14 janvier 2011. A l’évocation de cette date, il y a ceux qui ont la chair de poule, alors que d’autres serrent les dents. Quoique dans une ambiance assez particulière, les Tunisiens peuvent malgré tout profiter d’une journée de congé et évoquer les bons moments nostalgiques, les déboires et exploits de toute une décennie.
Solo Contro Tutti
La révolution tunisienne a certainement vécu un mariage un peu raté. Entre tensions politiques, corruption, débrayages et hausse du taux de criminalité, on peut dire que la jeunesse tunisienne rêve, toujours en rose, mais parmi les ronces.
Ayant accumulé moults exploits dans différents domaines et secteurs, la composante juvénile de la société réussit toujours à s’imposer Solo Contro Tutti* face à l’injustice et à la grande confusion de l’échiquier politique.
La jeunesse a garanti un souffle d’espoir pour un peuple assiégé par son propre sort à travers l’innovation, la création et le rire constant malgré l’insécurité persistante et les chiffres catastrophiques annoncés. Notamment, celui du taux de chômage national (16%), du déficit public (13.4%) sans oublier la montée en flèche de la fameuse jauge de dépression (52%).
Pour y remédier, les jeunes ont créé “Boubli” , “Khormologia” et bien d’autres supports médiatiques pour se battre à leurs façons en apportant leur savoir et dédier leurs produits aux nouvelles générations, hélas trompées par la télé poubelle et les discours haineux que transmettent un bon nombre d’orateurs au goût putride.
Nul ne peut nier le triste constat des maux sociaux dont déplorent les Tunisiens, la centralisation du pays continue chaque jour à ronger le pays, plus précisément à Tataouine, où plus de 30% de la population est sans emploi ainsi qu’un taux de pauvreté globale 10 fois supérieur dans les villes de Kairouan (34.9%), Kef (34.2%) si on compare à celui Tunis (3.5%). A suivre…
* Solo Contro Tutti : Seul contre tous
Du pain sur la planche
Dans un pays où l’échiquier politique est un vrai casse-tête chinois, prendre du recul pour voir ce qui se passe est certes le choix le plus sage à assumer. D’un angle optimiste mais étroit, tout porte à croire que les Tunisiens baignent dans la satisfaction de leurs assortiments électoraux.
En effet, pendant que certains crient aux scandales et à la corruption, d’autres déplorent la situation sanitaire des établissements scolaires, alors que tout le monde attend les réactions et contre réactions des politiques.
Remaniement ministériel par ci, hostilité à l’ARP par là et on passe par l’intoxication des discours contradictoires et des fameux fake news à tort et à travers.
Cela mène, hélas, les plus borgnes à se poser la même question, si primitive et tribale soit-elle: »qui règne ce grand village ? » Serait-ce l’humble et timide locataire de Carthage ou le glorieux élu de la Kasbah ?
Les plus acharnés à la rédaction et amateurs de « Game of Thrones » profiteront pour imbiber leur savoir aux jeux d’ombres politiques et déchaîner un amas d’idées rationnelles et structurées de preuves légitimes. De l’autre côté, il y a ceux qui trient l’anarchie de l’ordre et guettent à pas de loup l’infantilisation politique tunisienne.
Dix années se sont écoulées, les Tunisiens écoutent toujours le même discours, sorti tout droit des archives. Conclusion, on a du pain sur la planche!