Par Soufiane Ben Farhat

Décision tant réclamée et attendue, le confinement intégral a été décidé par le gouvernement Mechichi ce vendredi 7 mai 2021. En fait, cela intervient à un moment particulièrement tragique de la propagation du Covid-19 en Tunisie. Depuis des mois, le nombre de patients augmente à vue d’œil et le nombre de décès dépasse ou avoisine les cent victimes par jour. A telle enseigne que notre pays occupe par moments les premiers rangs eu égard au taux de victimes que ce soit en Afrique ou dans le monde.

Système sanitaire patraque

Paradoxalement, le gouvernement Mechichi a campé jusqu’ici la nonchalance. Voire la sourde oreille. En revanche, il s’est permis d’adoucir les mesures draconiennes décidées à la veille du mois de ramadan. « Par populisme » a concédé hier le chef du gouvernement, en faisant un clin d’œil au président de la République Kaïs Saïed instigateur de cet assouplissement. Certes, par populisme, mais il n’y a pas de fatalité en la matière. Encore moins un label de médiocrité, fut-elle partagée. Résultat, les victimes sont légion, l’épidémie est devenue incontrôlable et le système de santé faillit.

Qu’il s’agisse des tests de dépistage, des vaccinations, ou des prises en charge en oxygène et en réanimation, c’est le même topo désolé. On en est réduit à compter sur l’aide étrangère pour fournir l’oxygène, dont la consommation dépasse la production du tiers. Le système de santé faillit. En effet, les vaccinations avancent à une allure d’escargot. Tantôt, c’est le cafouillage et le mélange des genres. La plateforme Evax est quasi en panne. Passe-droits et corruption interfèrent jusque dans les vaccinations.

Homicide volontaire

L’Etat baye aux corneilles. En fait, il gère les chiffres plus catastrophiques les uns que les autres au fil des jours. Cela frise l’homicide volontaire sur fond de mensonge par omission et non-assistance à peuple en danger. Les hôpitaux sont obligés de reporter les interventions chirurgicales non urgentes. Quant aux cliniques, elles sont saturées. Aujourd’hui, on s’avise de renverser la vapeur. Toutefois, ce n’est que de prime abord doit-on nuancer. Une semaine de confinement à l’occasion de la fête de l’aïd, c’est certainement trop peu et trop tard.

En effet, la norme épidémiologique classique est de deux semaines au moins en vue de casser la spirale infernale. Il faudrait y ajouter la flambée des nouveaux cas probables dans quinze jours, aux lendemains de l’aïd.

Mesures radicales

Impérativement, d’autres mesures radicales doivent suivre. En premier lieu, le plafonnement des prix des tests PCR à 100 Dinars, dont l’Etat s’acquitte de la moitié.  Idem des prix des masques qu’on gagnera à plafonner à 500 millièmes, dont la moitié à la charge de l’Etat. En même temps, les patients admis dans les cliniques privées à défaut de place dans les hôpitaux doivent impérativement être pris en charge par l’Etat. L’astuce but not l’est, on devra redoubler d’initiatives diplomatiques et de lobbying en vue d’importer la plus grande quantité de vaccins.

Évidemment, le tout moyennant des mesures de contrôle efficaces et une intendance qui suit.

Enrayer la mécanique vicieuse

Le chef du gouvernement gagnerait à s’improviser en chef de guerre. Jusqu’ici il redouble d’attentisme et de velléités tout au plus débitées du bout des lèvres. Visiblement, la guerre au sommet de l’Etat l’épuise. Son credo est en pointillé, son action étouffée. Rester en place à tout prix, unique mot d’ordre qui l’obsède.

Seul remède, les vaccins

Dans tous les cas de figure, tous les chemins du salut passent par la case vaccins. En effet, la faillite du gouvernement s’avère patente à ce niveau. Les stocks sont largement insuffisants, les vaccinations cafouillent. En fait, on est bien loin des objectifs initiaux, très en deçà même. Paradoxalement, on avait prévu trois millions de vaccinés à la fin juin et cinq millions de vaccinés à la fin de l’année. Jusqu’ici, en deux mois, seulement 1% de la population a reçu une vaccination complète et 2,8% ont reçu au moins une dose initiale.

A défaut de vaccinations suffisantes, le confinement progressif, le port des masques et les gestes barrière demeurent maîtres du jeu. Pourtant, là aussi, on faillit amplement.

C’est dire que malgré tout, le fin mot demeure : trop peu trop tard. Quoique des demi-mesures valent nettement mieux que rien.

S.B.F