Par Soufiane Ben Farhat
Il faut se fier aux évidences. La troisième vague du Covid 19 s’avère particulièrement dangereuse et meurtrière en Tunisie. Pourtant, le gouvernement semble tétanisé. Tant de rendez-vous ratés, tant de dissensions internes, d’inconsistance des moyens et d’absence de vision alourdissent la donne.
En fait, depuis quelques semaines, la variante anglaise du coronavirus s’est invitée dans nos murs. Elle est rapide et plus contagieuse que celles connues jusqu’ici. Du coup, le taux et le nombre des personnes atteintes a augmenté vertigineusement. Le nombre de victimes s’est haussé en deux temps et trois mouvements. Tragiquement.
Tous le pays est au rouge vif
Jusqu’à hier, le Covid-19 a touché plus de 279.376 personnes en Tunisie. Malheureusement, le nombre des victimes du Covid s’élève à 9.553 décès.
L’écrasante majorité des gouvernorats sont atteints. Pis, on a isolé des localités et villes entières, mises en quarantaine. Pourtant, les mesures gouvernementales demeurent toujours en deçà du requis. Qu’il s’agisse du couvre-feu ou des horaires de travail réaménagés, cela reste épidermique pour ainsi dire. En fait, le gouvernement a revu le couvre-feu nocturne deux jours seulement après l’avoir décidé dans un premier temps. Le gouvernement a cédé aux pressions des cafetiers, littéralement laminés par les fermetures successives de leurs commerces.
Quant aux moyens de transport public, ils demeurent surchargés et déglingués. Dès lors, il officient comme autant de sérieux vecteurs de contraction et de propagation du virus.
Vaccinations à une allure de tortue
En fait, jusqu’à hier, 16 avril 2021 (34eme jour de la campagne de vaccination), seulement 191.625 personnes ont été vaccinées dans tout le pays. Avec une moyenne de 5.600 personnes vaccinées par jour, on est loin du compte. En effet, le ministre de la Santé avait promis de faire vacciner trois millions de Tunisiens avant la fin juin 2021. Or, à ce rythme- là, il faudra une année et demie pour vacciner trois millions de Tunisiens et trois ans pour en vacciner six millions.
Il faut savoir que le nombre des centres de vaccination s’élève à 32. On en prévoyait 72 initialement en jours ouvrables et près d’une centaine les weekends. Malheureusement, là aussi, que de promesses oiseuses.
Sensibilisation inconsistante
En fait, 1.119.505 Tunisiens seulement sont inscrits sur la plateforme Evax (personnes voulant se faire vacciner). Les mesures de sensibilisation demeurent dérisoires, voire délibérément inconsistantes. Le ministère de la Santé semble sommeillant. Il a déclaré hier que des campagnes de sensibilisation à l’importance de la vaccination seront diligentées. organisées incessamment moyennant la collaboration avec la société civile et les gouverneurs dans différentes régions du pays. Bref, la même rengaine qu’il y a deux mois.
Mesures de première urgence
Amère réflexion d’un éminent médecin, hier matin : « Ce gouvernement est fini, mais il va enterrer beaucoup de Tunisiens avant de partir ! ». Et ce n’est pas peu dire.
Dans l’urgence, on devrait avant tout dire la vérité sur la quantité de doses de vaccins disponibles. Il faudrait également vacciner au maximum, au rythme de dizaines de milliers par jour au besoin. Et veiller aussi à faire porter le masque scrupuleusement et partout. Une vaste campagne de distribution gratuite des bavettes, deux semaines durant, dans les stations de métro et de train doit être mise sur pied au plus pressé.
La politique politicienne plombe la donne
Malheureusement, la classe politique tunisienne a la tête ailleurs. Des luttes au couteau opposent le président de la République d’un côté, au chef du gouvernement et au président de l’assemblée parlementaire de l’autre. Le remaniement ministériel du 16 janvier dernier n’a toujours pas été avalisé par le président de la République, qui réclame désormais la démission de tout le gouvernement. De son côté, la coalition parlementaire gouvernementale s’ingénie à destituer, en vain, le chef de l’Etat. Les alliés de ce dernier au Parlement s’avisent quant à eux de destituer le président de l’Assemblée.
Aucun des pouvoirs ne redouble de diligence pour ramener les vaccins. En fait, ils s’abîment dans des luttes fratricides. A telle enseigne que c’est devenu un feuilleton à séries, à l’instar des feuilletons télévisés dont les Tunisiens sont si friands en ces soirées ramadanesques.
Au fait, qui a dit que le ridicule ne tue pas ?
S.B.F