TO GO WITH AFP ARABIC STORY BY NAJAH MOUEILHI A Tunisian old man look for a book at the 27th International book fair in Tunis on April 29, 2009. The book fair dedicated events on April 28 to "Jerusalem" which is the capital of Arab culture this year. AFP PHOTO FETHI BELAID (Photo credit should read FETHI BELAID/AFP via Getty Images)

Les  dictatures  de tout poil vous le diront   : C’est très dangereux  de lire un livre ….. C’est comme jouer avec des allumettes. Ne nous attardons pas sur les raisons de cette  opinion puisque il est de notoriété publique que les livres introduisent les  lumières là ou l’obscurantisme doit s’épanouir,  comme  ils contribuent à aiguiser les esprits critiques   ,ce qui  n’arrange ni les gouvernants  ni les   « Papes » de la société de consommation.   Sincèrement on s’est mis à égrener quelques réflexions  çà  et là lorsque le sondage Emrhod     a révélé  que seuls 18% des tunisiens ont lu un livre depuis le début de  2021 avec quatre minutes

    consacrées  à la lecture contre deux heures et demi passées devant Facebook     .D’ailleurs est-ce une révélation ?      … Déjà la direction de la lecture publique du ministère des affaires  culturelles en 2019 tirait la sonnette d’alarme avec son directeur Elyes Rebhi qui déclarait que      « le Tunisien ne lit que 0,58 livre par an alors qu’un Européen lit en moyenne près de 35 ». Première raison mise à l’index c’est bien entendu l’avènement du numérique et du Smartphone, la plus grande séduction du siècle ! Oui ! La lecture nécessite un effort  solitaire et de la patience pour procurer de  l’émotion or de nos jours l’émotion est au bout d’un clic   …. La paresse est humaine …. D’autant plus que l’émotion passe aujourd’hui par le buzz et l’information instantanée à tel point que les jeunes à force d’être informés ont cru savoir qu’ils sont devenus cultivés …..   A titre d’exemple  ,nos jeunes sont d’excellents fabricants d’images  lorsqu’ils réalisent des clips   ou des spots publicitaires ,  mais  quand ils passent  à l’expression  artistique par excellente via l’image qui est le cinéma , ils ont du mal à communiquer   de l’émotion . Le thermomètre est le concours des jeunes qui réalisent leur premier court métrage organisé chaque année par le CNCI et le Goethe institut …. A des jeunes on donne tous les moyens  et on leur permet de     réaliser un court métrage . Constat  : Ils maitrisent la technique et le maniement des caméras et des sons  à la perfection , mais ils n’arrivent  pas à communiquer de l’émotion  à travers leurs histoires . Certes qu’ils  racontent   une histoire mais cette histoire garde toujours la froideur de la communication virtuelle. Cela se comprend parce que ces jeunes, même s’ils sont formés par des   professeurs respectables     n’ont jamais  lu un livre …. Pour eux « être informé »   c’est « être cultivé … »

On arrive maintenant à la question  qui donne bonne conscience à tous les responsables tunisiens  censées s’atteler à trouver des solutions pour sauver la nouvelle génération de l’abrutissement total. « Oui, mais  même dans les pays les plus développés on  ne lit plus comme avant ! » Réponse : On ne lit plus comme avant, mais on lit toujours une quantité assez bonne qui force le respect !  D’autre part ces pays   développés ont déjà des démocraties et des institutions installées et rodées qui s’adaptent à toutes    les situations …. Et ces institutions    ont été créés  lorsque les responsables  avaient un  livre à la main plus de deux heures par jour …. Et nous ? Peut-on construire une démocratie avec 0,58 livres lus par an   à raison de quatre minutes par jour ?

Dans son livre «  Deux pouces et des Neurones » la Sociologue Sylvie Octobre  écrit  « Il y a bien des façons de lire. En réalité, on n’a jamais tant lu : des textes, des publicités, des articles, etc. Mais le goût pour la lecture de littérature baisse. Ces deux types de lectures sont différents. La lecture HTML est « additive », les liens et les articles se superposent les uns aux autres. Pour ne pas se perdre dans le flot d’informations, il faut construire une séquence de lecture. Il faut faire le tri, ne pas se perdre pour éviter la saturation informationnelle, le moment où l’on ne comprend plus rien à ce qu’on lit et où l’on tourne en rond. Ce sont des compétences très difficiles à acquérir. »            

Le risque ?  C’est qu’un jour on va tout savoir sans rien savoir ….  C’est du tout cuit pour une dictature….